Publié par Emma L. et Fanny

La torture de la baignoire

La torture de la baignoire

          Je n’en serais pas arrivé là si je ne m’étais pas engagé en tant que résistant. Je m’apprête à mourir dans cette pièce sombre et froide.

         Du sang s'est encré dans les joints du carrelage. Le seul filet de lumière est émis par une minuscule fenêtre par laquelle il est impossible de m’évader. Deux gardes armés jusqu’aux dents surveillent la porte alors que des chaînes me retiennent au mur. Ils voulaient me soutirer des informations sur les résistants. Pour y parvenir, ils m‘ont arraché les ongles des mains. Comme je n’ai rien dévoilé, ils m’ont coupé l’oreille. C’est une douleur indescriptible que je ne souhaite à personne, pas même à mon pire ennemi. Je hurlais de douleur à me briser les cordes vocales.

          Après cette séance de torture, ils me ligotèrent à une chaise. Je passai alors ma nuit, le ventre vide, la gorge sèche, l’oreille en sang, sans le moindre espoir de survie. A ma grande surprise, je me réveillai le lendemain avec un coup de pied dans le ventre toujours attaché à ma chaise. Ma séance quotidienne de coups commençait … Oh si ma chère femme avait vu cela ! En parlant de ma femme, elle aussi a été arrêtée. Je ne sais point si elle est encore vivante ou si, comme moi, on la torture, cela me ronge de l’intérieur. Au fond de mon cœur, j’espère qu’elle a réussi à s’échapper et ainsi sauver sa vie, et celle de notre enfant qui ne connaîtra sûrement jamais son père.

          Je ne savais pas si cela faisait des heures, des jours ou des semaines que je n’avais pas aperçu la lumière du jour. Je savais que jusqu’au bout les allemands tenteraient de me soutirer des informations sur les résistants mais je savais également que je ne trahirais pas. Alors que j’étais dans mes pensées, deux hommes entrèrent dans la pièce. Ils me dévisagèrent de la tête aux pieds. Le grand blond au regard noir poussa la chaise à laquelle j’étais toujours attaché à terre. Ma joue heurta le sol de plein fouet. Le brun me donna un coup de pied dans le ventre. J’en avais pris l’habitude et je souffrais en silence. Il redressa ma chaise et approcha son visage près du mien, il me cria dessus. Je ne sais pas depuis combien de temps il ne s’était pas lavé les dents. J’imagine que mon haleine ne devait pas sentir meilleur mais ce dont je suis certain, c’est que je ne risquais pas d’avoir des morceaux de nourriture coincés entre les dents étant donné que je n’avalais plus rien depuis qu’ils m’avaient arrêté. Malheureusement, ce ne fut pas le plus gros des châtiments que je dus subir. Ils m’ont ébouillanté, ce qui m’a laissé d’énormes marques sur le corps. Ils me plongeaient la tête dans une baignoire et l'y maintenaient. J'ai cru que j'allais mourir noyé. De plus, on m‘a obligé à regarder mes compagnons se faire torturer. Ce fut le pire supplice psychologique que j’aie jamais subi. Leurs cris résonnent encore dans ma tête. En parlant de mes compagnons, l’un d’eux s’est suicidé en cellule car il ne voulait pas trahir la résistance. Il disait avoir peur de laisser s’échapper des informations tellement les tortures que l’on nous fait subir sont terribles.

          Je suis à présent dans le couloir qui mène à la salle où se trouve la guillotine. Durant mon long séjour avec les nazis j’avais souvent réfléchi à cette évasion. Je n’ai trouvé qu’un seul moyen de m’enfuir, mais j’avais peur de la sanction qu’ils allaient m’infliger s'ils me retrouvaient. Maintenant que je suis au bord de la mort je n’ai rien à perdre. Je suis actuellement entouré de deux gardes. Tout à coup j’enfonce mon genou dans le ventre de celui de droite et j'enchaîne avec le second que j'assomme d’un coup de tête. Je cours le plus vite possible, ce qui n'est pas facile avec mes multiples blessures. Je cherche une sortie dans ce labyrinthe immense espérant ne pas me faire rattraper. Deux minutes plus tard une sonnerie retentit dans tout le bâtiment, sûrement pour signaler ma fuite. Au moment de reprendre mon souffle je vois une petite pièce munie d’un bureau, et d’une fenêtre juste assez grande pour que je puisse m’y glisser. J’entends soudain un brouhaha et des soldats à la voix rauque crier en allemand. Soudain, l'un d'eux - surgi de nulle part - me plaque au sol. A ce moment là, je sais que je n'ai plus aucune issue. Alors je me laisse traîner par les soldats qui me tiennent fermement cette fois-ci.

          Je redessine trait pour trait le visage de ma femme, et j'imagine ce à quoi notre enfant ressemblerait. Je n'espère plus qu'une chose : c'est qu'elle soit toujours vivante et soit heureuse avec notre progéniture.

          Ô qu'elle me manque !

          Ça y est ! Ma tête est prête à être tranchée, et moi je n’attends plus que la mort. Cependant, je n'aurai pas trahi les résistants, mes frères.

          J’espère qu'ils gagneront notre combat, contre le nazisme!

L'instrument fatal

L'instrument fatal

Tag(s) : #tragique, #pathétique, #dramatique
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