Publié par Guillaume

La peste à Oran

Le surlendemain, quelques jours avant l'ouverture des portes, le docteur Rieux rentrait chez lui à midi, se demandant s'il allait trouver le télégramme qu'il attendait. Quoique ses journées fussent alors aussi épuisantes qu'au plus fort de la peste, l'attente de la libération définitive avait dissipé toute fatigue chez lui.

Albert Camus, La Peste (partie 5, page 272)

      Nous sommes en Algérie dans la ville d’Oran en avril 1940. La ville d’Oran, qui d’habitude est tranquille et calme, fut ébranlée par une invasion de rats : des centaines, des milliers de rats qui vinrent mourir dans les rues. Ce désagrément dura quelques jours et s’arrêta aussi vite qu’il avait commencé. Le jour suivant le concierge d’un établissement d’Oran fut pris d’un mal effroyable et soudain. Ce malade mourut très rapidement et les médecins de la ville envoyèrent un recommandé au gouvernement alertant au sujet d’une épidémie de peste.

  Le gouvernement prit des solutions radicales : les automobiles étaient interdites à la circulation ; les piscines, les bains publics, les restaurants, les magasins et tous les lieux publics furent fermés et il était strictement interdit d’y entrer. Les personnes contaminées et leurs proches furent emmenés dans des camps pour y subir une quarantaine. Ceux qui tentèrent de s’échapper de la ville furent abattus par des gardes militaires déployés pour mettre la ville en quarantaine. Des ravitaillements en nourriture, eaux, médicaments et produits pour l’hygiène furent apportés et distribués deux fois par semaine. En plus un service sanitaire fut imposé à tous les hommes et femmes entre seize et cinquante ans en bonne santé. Toutes ces mesures étaient prises, selon le gouvernement, pour étouffer l’épidémie. Néanmoins le cinéma, le théâtre et l’église étaient ouverts pour que la population puisse tout de même se divertir. Mais il y avait seulement une pièce de théâtre qui était jouée deux fois par jour tous les jours et quatre films, dont un de Fernandel, qui passaient tous les jours.

  Malgré ces mesures radicales, le nombre de victimes dû à la peste, augmenta soudainement et exponentiellement. Le nombre de morts était si conséquent que les cadavres étaient jetés dans des fosses communes sans aucune cérémonie d’enterrement. Face à cette montée, le gouvernement ferma aussi le cinéma et le théâtre. Les habitants, face à ces mesures trop strictes selon eux, se révoltèrent violemment. Ce fut quasiment une révolution : les magasins étaient pillés et dévalisés, les étagères renversées et brisées de toutes pièces, les lieux et places publiques subirent les terribles affrontements entre la population et les forces de l’ordre avec ardeur et brutalité. Cet affrontement d’une fureur inouïe ressemblait plus à un champ de bataille qu’à une manifestation. Les manifestants lançaient des pierres, des cailloux et des cocktails molotovs. Ils utilisaient aussi leurs poings. Du côté des forces de l’ordre on utilisait des matraques, des jets d’eau et même les armes de service. Pour éviter la guerre civile, le gouvernement ouvra de nouveau le cinéma, le théâtre, les magasins et les restaurants.

  La peste étant apparemment les habitants reprennent des habitudes : après le travail, ils vont se détendre en allant boire un café au bar et discuter avec leurs amis, puis sortent se balader avant de rentrer chez eux. En quelques semaines, le taux de suicide augmente considérablement car beaucoup de personnes sont séparées de leurs proches, et la peste n’étant pas près de partir, la population commence à laisser de la place au désespoir et à la déprime.

  En novembre, la peste recula et le nombre de victimes diminua énormément, et aussi rapidement qu’il avait monté. Cette information redonna espoir à la population et le gouvernement rouvrit les portes de la ville en maintenant les contrôles sanitaires. Les restrictions furent levées et les derniers cas de peste étant guéris, la ville organisa une grande cérémonie et construisit un mémorial pour que tout le monde se rappelle de cette tragédie.

 

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