Publié par Gaëlle et Elie

Je ne demande que la mort. Abandonnée, abandonnée !
Comprends-tu l'épouvante que cela comporte, abandonnée ?
Je ne puis le supporter.

Les Brigands, Friedrich von Schiller

Jamais ça ne s'arrête

      Ceci est le journal de mes souffrances, heure par heure, minute par minute, supplice par supplice.

 

Je n’ai plus la force de tenir. Vont-ils me pousser à bout ? Hélas, moi, Jenny, je suis harcelée depuis la sixième par deux rats nommés Mathieu et Jeremy. C'est d’eux dont je suis la martyre. Harcelée à cause de mon apparence, ils me prennent pour une catin, comme on disait en d'autres temps.

 

Au début ça allait, c'était supportable, je rentrais juste des cours avec une boule au ventre mais ensuite cela prit de l’ampleur. Les moqueries, cela devenait envahissant. Le cyber-harcèlement fit son entrée dans ma vie. Instagram, Snapchat, Facebook ; sur toutes les plateformes je recevais des menaces. Mathieu et Jeremy ne loupaient pas une occasion pour se moquer de moi. Ils ne me lâchaient pas d’une semelle. Puis vint alors qu’on s’en prit à moi moralement et physiquement avec des menaces plus pressantes, en me disant que je ne devais pas vivre sur cette terre, que j'étais une erreur de la nature. Ma seule amie Julia compatissait. Mais impuissante, elle ne faisait que regarder et sentir mes supplices. Arriva ensuite le pire visage du harcèlement. Personne autour ne réagissait, on me laissait me faire maltraiter par ces infâmes procureurs de l'apparence.

 

La tristesse s’emparait de moi. Je plongeais dans la mélancolie, d'autant que mon père faisait sentir qu’il n’arrivait plus à finir les mois. Est-ce que c'était à cause de moi? J’étais vraiment une cause perdue. Chaque jour je me rappelais mon enfance joyeuse, et ma mère, avant que ce terrible accident surgi par ma faute - je ne faisais que la distraire -, elle, étant au volant, ne faisant plus attention à la route, c’est alors qu’une voiture nous percuta de plein fouet. Cela ruina ma vie, je changeai de ville pour être plus proche de ma grand-mère, je changeai aussi d’école et perdis mes plus proches amis.

 

C’est comme ça que ma vie de merde commença…

 

      Dans ma nouvelle école je fis les pires connaissances de ma vie : Mathieu et Jeremy. Mais également la rencontre de ma seule amie Julia. Mes journées de cours devenaient de plus en plus longues, et tellement mélancoliques que je songeais à rejoindre ma mère. Le soir, en rentrant dans ma chambre, je me regardais dans le miroir puis j'éclatais en sanglots, en repensant à tout ce qu’on me disait dans la journée. Par exemple, tiens : « Ah la catin! Sale moche!  Pourquoi existes-tu ?! » Je n’osais même plus regarder mon téléphone par peur de découvrir de nouvelles insultes, des critiques ou encore ces horribles caricatures de moi qui tournaient sur les réseaux. Il n’y avait que ma grand-mère qui était au courant, elle me soutenait en me disant qu’il ne fallait pas les écouter. Elle me rassurait en me disant que j’étais belle et que je ne ressemblais en rien à une prostituée. Mais cela ne changeait rien, je n’arrivais pas à la croire.

 

      Aujourd’hui a été le jour de trop.

 

   J’arrive en cour, et ce n’étaient pas deux harceleurs mais bien toute la classe : ils se moquaient tous, ils m’insultaient tous, me critiquaient tous. Même Julia, elle que je croyais ma seule amie. C'en était trop pour moi. Après la fin des cours, je suis montée dans ma chambre sans rien dire, je me suis regardée dans le miroir comme d'habitude. Mes larmes ont coulé tout le long de mes joues. J’ai donné un gros coup dans le miroir qui s’est alors brisé en mille morceaux, puis j’ai aperçu maman dans le miroir brisé. Cela avait du être une hallucination mais pour moi c’était un signe. Quand je l’ai vue, j’ai souri pour la première fois depuis qu’elle était partie au ciel. Oui, c’en était trop. Je ne peux plus vivre comme ça, je serai plus heureuse quand j’aurai rejoint maman. Personne ne mérite de vivre comme je vis.

 

      Papa, tu verras cette lettre après que le drame se sera déroulé. J’espère que tu comprendras mon geste. Je vous aime, toi et grand-mère.

 

                                                                                       A bientôt dans l’au-delà,

 

                                                                                                                  Jessy

Tag(s) : #pathétique
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