Publié par Elina et Romane
L'art subtil de la conversation entre adultes éduqués raisonnables © Elina et Romane (Merci à Mai, Emmie, Erell, Lilou & Faustine)
Aujourd'hui, l'un des sujets principaux de conversation est le réchauffement climatique. Les glaciers fondent, engendrant des disparitions d'espèces, mais y a-t-il encore vraiment des ours, à part dans les zoos ? Nous sommes en train de les sauver, surtout, en leur offrant un nouvel habitat ! Certaines personnes, dont nous ne citerons pas le nom, pensent que ce changement climatique est un complot, dont les pays les plus riches sont victimes. Qui n'y aurait pas pensé ? Il est vrai qu'une hausse des températures apporterait beaucoup d’avantages. Nous pourrions faire des économies en hiver, sur le chauffage, le poêle, sans parler des vêtements. De plus, comme il est prévu une augmentation de 2,8°C d'ici la fin du siècle, cela réchaufferait notre Bretagne, ce qui nous serait bénéfique. Certains d'entre nous ne rêvent-ils pas de fêter Noël sous les tropiques ? Et nous aurions peut-être des plages avec de beaux cocotiers grâce à la montée des eaux. L'érosion serait également plus importante et nous aurions du sable plus fin. Et puis, la montée des eaux ne signifie-t-elle pas qu'il y aura plus d'eau pour tout le monde ? Qu'importe si elle est salée ! Nous salons bien nous-mêmes nos plats tous les jours. Comment ne pas voir dans ledit réchauffement un apport inédit de confort, d'opportunités, et d'économies ?
Un autre sujet de discussion dont l'humain raffole est la pollution, se plaignant qu'elle peut sentir mauvais. Il est vrai que c'est là l'unique problème. La pollution ne crée qu'une légère gène odorante. Mais c'est une belle occasion pour les parfumeurs de faire grimper leurs prix. Par ailleurs, le tri sélectif est-il seulement utile ? C'est probablement un moyen pour permettre à certaines personnes de récupérer du plastique et de le revendre. Quant au soi-disant trou dans la couche d'ozone, ce n'est qu'une invention intelligente pour une augmentation supplémentaire des prix.
Mais la discussion que le genre humain préfère par-dessus tout est la politique. Il suffit, lors d'une réunion familiale par exemple, de lancer innocemment une question sensée et d'importance cruciale, pour voir les adultes s'enflammer instantanément : « Mais, Napron, au fait, il est de droite ou de gauche ? » À partir de cela, on peut observer que la discussion intéressante qui prenait part autour de la table s'arrête, pour laisser place à un débat posé. Chacun s'écoute, débat et argumente intelligemment. Par ailleurs, il n'y a pas de disputes, jamais, puisque chacun respecte l'avis de son prochain, sans chercher à l'influencer, ni lui faire changer radicalement d'avis. Plus généralement, dans une discussion où il y a des différends, nous parvenons à nous canaliser et permettre le bon déroulement de la conversation. Si, au contraire, quelqu'un vient à briser cet ordre méticuleux, personne ne lui saute dessus, il suffit de lui expliquer gentiment qu'il a tort, fact checking documenté à l'appui, pour lui faire voir son erreur.
Nous pouvons constater que l'être humain, au-delà des sujets de discussions diverss et variés, est très délicat lorsqu'il s'agit de parler à son prochain. Il est aussi satisfaisant de constater que l'art subtil de la conversation a énormément évolué depuis des siècles. En effet, nous n'avons plus depuis longtemps à tenir sous nos latitudes tempérées de conversations superficielles, où seule la courtoisie nous guiderait, et nous forcerait à prendre la parole avec mille précautions bien ennuyeuses. Nous pouvons directement entrer dans le vif du sujet en restant nous-mêmes, sans que cela ne froisse personne. La tolérance réciproque est une avancée majeure de l'humanité. Nous connaissons en effet avec délices un âge d’or de la communication rationnelle. Mais surtout, les caractères réservés ne voulant pas dialoguer ne sont pas contraints de le faire, il n'y a aucune pression sur autrui concernant ses opinions.
En conclusion, la conversation - du moins chez l'adulte - est un plaisir toujours renouvelé, qui profite à l’intelligence personnelle et collective.