Publié par Mathis C. & Yaël L.
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Un bateau dans la tempête © Mathis C. & Yaël L.
Un matin de décembre 1950, en mer d'Iroise, il fait très froid, j’ai les mains tremblantes abîmées par le sel de la mer et je ne vois rien dans cette brume matinale. Les petites barques avec lesquelles nous partons lever les filets sont trouées, je suis obligé d’écoper régulièrement le fond de la coque pour ne pas couler. Une heure plus tard, nous sommes obligés de retourner au navire pour déposer le peu de poisson que nous avons pêché.
À peine montés dans le navire, le capitaine nous dit « Nous devons quitter la zone ! Hélas, le Tyson a changé de cap, il se dirige droit vers nous ! » Nous changeons de route vers St Pierre et Miquelon et c’est moi qui prends la barre. Il fait nuit, c’est la tempête et je ne sens plus mes mains, je reçois des paquets de mer tous les trente secondes, et mon ciré jaune est percé.
Arrivés à St Pierre le lendemain, nous recevons un message. Des nouvelles de ma mère, je crains le pire :
« Cher fils, j'espère que tout va bien pour toi. Hélas, à Paimpol tout n'est pas rose. Monsieur le maire est venu à ma porte ce matin, il m'a dit qu'il est passé à la maison de repos et que les infirmières lui ont appris que ma mère est décédée dans la nuit. Je sais que tu l'aimais beaucoup, j'espère que cela ne te brisera pas trop le moral en mer. »
Je relis deux fois le message, les larmes tombent à grosses gouttes. C'était une grand-mère avec un grand cœur, qui aurait tout fait pour son petit-fils.
Après avoir passé deux jours sur l’île, nous devons rentrer en mer d'Iroise, chargés d’une maigre pêche. La mer est toujours aussi déchaînée et il est difficile de naviguer.
Je suis toujours seul sur le pont, le corps frigorifié, face aux éléments. La solitude et la fatigue me prennent. Le capitaine du navire ne m'aide pas, je dois me débrouiller seul et je me rends compte que j'ai mal choisi mon coéquipier.
La pêche est très mauvaise, les cales sont à peine pleines et le poisson est très abîmé, il se vendra moins cher et ma paye sera de nouveau médiocre.
Par manque de nourriture, nous sommes obligés de rentrer au port de Paimpol sous la tempête.