Publié par Tabatha

La tristesse honteuse au bal

La tristesse honteuse au bal

Et nous alimentons nos aimables remords
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

"Au lecteur", Baudelaire

Ô Spleen, grisaille invasive,

qui coule, comme coulent mes larmes

 

Le cœur hésitant, le voilà seul qui s'avance,

Sans lui-même y croire, avec l’esprit vaporeux.

Bravant, sans le montrer, ses crampes au ventre,

Il se lance ce soir, l’esprit un peu douteux.

 

La grande salle emplie des âmes libérées,

Toutes valsent au rythme des dansants cantiques. 

Le pas hésitant, va-t-il la retrouver ?

Parmi la foule intense au climat électrique.

 

Il croise des regards, échange des sourires.

Il baisse un peu les yeux, l’esprit un peu hagard.

La foule est en transe, il aimerait s’enfuir

Mais une force l’incite à caresser l’espoir.

 

C’est elle au loin là-bas, au bout de la piste,

Plus belle que jamais, gracieuse et rayonnante.

Cette vision l’émerveille mais lentement l’attriste :

Enveloppée de sa torpeur adolescente, 

 

Inaccessible nova, son aimée, sa diva.

Lui, non, n’agrippera pas son esprit ce soir,

L’autre la fera danser, enveloppée d’autres bras.

Enfoui dans un coin sombre, l’œil perçant le noir,

 

Elle s’épanouira, sans même le regarder.

Et lui, l’âme en peine, retournant à son spleen,

Regagnera ses pénates, le cœur mouillé,

Le cœur écorché et aride, criant famine.

 

 

Tag(s) : #fleurs du mal, #1G7
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :