Publié par Ylhiana
« L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos.
À l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s’affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner. »
Le Parti pris des choses (1942), Francis Ponge
« L’huître », p.23
La crêpe, unique en son genre, est de la grosseur d'une assiette. Avec sa forme sphérique aplatie et sa couleur jaunâtre, elle gît toute ramollie et fine. Elle tient ses origines de toutes sortes de substances, comme les œufs, des poudres sucrées, immangeables, et un liquide contenant du lactose dans une boîte, entremêlées dans un saladier pour en faire une pâte de préférence lisse et éclatante. Le frétillement du beurre saisit l’œil et l’ouïe sur la krampouz bouillante. La pâte s’allonge sur son lit de fer chaud, étalée par un répartiteur à crêpes. L'on retourne aisément cette délicate chose. Pour les insensés, faire voler la crêpe au plafond pour la retourner est une joie. Celle-ci devenue solide est pleine de saveurs. La somptueuse odeur embaume la pièce. La vapeur s'élève jusqu'aux étoiles. Il faut alors placer les crêpes dans un plateau puis y mettre un torchon pour conserver la chaleur. Si généreuses, moelleuses et dorées, elles sont toutes prêtes à être dégustées.
À l'intérieur, on trouve tant de saveurs sucrées. La cuillère plonge dans le pot de Nutella, ou dans celui de la marmelade. Les plus paresseux sont sobres, juste de la poudre sucrée ou de la matière grasse contenant du lait. On peut même y ajouter du sirop d’érable. Tout cela crée une belle couverture à la délicieuse crêpe. La gourmandise prend le dessus en y ajoutant de la chantilly, des bananes et des marshmallows. Le goût en est très agréable en bouche. La texture devient si souple et le goût sucré avec le Nutella fondu. Pour ceux qui préfèrent les saveurs salées, on peut y déposer des rondelles d’oignons toutes craquantes, des tranches de cèpes, ou même de la pâte de truffe, des morceaux de jambon, ou enfin un œuf pour la rendre plus onctueuse. Cette texture si souple suscite tant de désir grâce aux touches croquantes et salées.
Ce doux mets aux mille saveurs emplit de bonheur : il égaille nos papilles à coup sûr. Que ce soit pour le goûter ou le dîner, il y a toujours cette douceur sucrée au fond de notre bouche.