Publié par Ewen et Alexandre
« À sept heures, on servit le dîner. Les hommes, plus nombreux, s’assirent à la première table, dans le vestibule, et les dames à la seconde, dans la salle à manger, avec le marquis et la marquise.
Emma se sentit, en entrant, enveloppée par un air chaud, mélange du parfum des fleurs et du beau linge, du fumet des viandes et de l’odeur des truffes. Les bougies des candélabres allongeaient des flammes sur les cloches d’argent ; les cristaux à facettes, couverts d’une buée mate, se renvoyaient des rayons pâles ; des bouquets étaient en ligne sur toute la longueur de la table, et, dans les assiettes à large bordure, les serviettes, arrangées en manière de bonnet d’évêque, tenaient entre le bâillement de leurs deux plis chacune un petit pain de forme ovale. Les pattes rouges des homards dépassaient les plats ; de gros fruits dans des corbeilles à jour s’étageaient sur la mousse ; les cailles avaient leurs plumes, des fumées montaient ; et, en bas de soie, en culotte courte, en cravate blanche, en jabot, grave comme un juge, le maître d’hôtel, passant entre les épaules des convives les plats tout découpés, faisait d’un coup de sa cuiller sauter pour vous le morceau qu’on choisissait. Sur le grand poêle de porcelaine à baguette de cuivre, une statue de femme drapée jusqu’au menton regardait immobile la salle pleine de monde.
Mme Bovary remarqua que plusieurs dames n’avaient pas mis leurs gants dans leur verre. »
Madame Bovary, Flaubert, 1857, Partie 1, Chapitre VIII, p.74
En arrivant au bal, je suis surprise par l’élégance de toutes ces personnes. À côté de moi un cavalier en habit bleu foncé discute chasse avec un homme aux habits nobles et vante le gibier qu’il a attrapé la veille. Au même moment je vois des femmes au teint pâle et aux nombreuses parures précieuses. Mais qu’elles sont belles ! Je les entends bavarder de leur mari. J’ai envie de ça ! Déguster mon déjeuner sur un plateau en argent, me maquiller avec les poudres les plus chères, m’habiller d’une robe de satin pour me rendre à une réception chez une amie. Génial, un banquet composé de caviar, gibiers, salades, foie gras, truffes… On nous sert des coupes de champagne.
Pendant le repas je fais connaissance avec un homme charmant, riche médecin qui… Mais qu’est-ce bruit ? Une vitre qui se brise. Des paysans essaient de voir ce qui se passe au bal.
Mon ancienne vie me revient. Mes parents en train de traire les vaches, le goût du lait crémeux.
Mais ? Ça ressemble à de la glace au marasquin !
Quelle douce musique. Je rêve…
Un grand mari brun, médecin de renom et d’un grand romantisme, une propriété d’un luxe suprême comptant une grande salle de réception, sept chambres avec des latrines plaquées or dans chacune d ‘elles. Le concert se termine.
Encore ces paysans, avec leurs corps maculés de terre mélangée à la transpiration. Mais ça doit empester ! Une personne qui est présente à ce bal vaut beaucoup plus que tous ces paysans ! Ces misérables ne valent pas un rond ! À moi, mon seul souci, c’est de savoir quelle robe mettre pour la réception du soir !
Je suis une aristocrate tout de même !