Publié par Malo & Paolo

« Charles fut surpris de la blancheur de ses ongles. Ils étaient brillants, fins du bout, plus nettoyés que les ivoires de Dieppe, et taillés en amande. Sa main pourtant n’était pas belle, point assez pâle peut-être, et un peu sèche aux phalanges ; elle était trop longue aussi, et sans molles inflexions de lignes sur les contours. Ce qu’elle avait de beau, c’étaient les yeux ; quoiqu’ils fussent bruns, ils semblaient noirs à cause des cils, et son regard arrivait franchement à vous avec une hardiesse candide. »

Madame Bovary, Gustave Flaubert / Page 30, lignes 102 à 109

© Malo H.

© Malo H.

Chère Emma,

J’espère que vous allez bien et que votre père s’est remis de sa blessure. Je passerai tout de même dans deux jours, vérifier son état de santé.

Cette lettre a une raison bien particulière, en effet je souhaite vous exprimer mes sentiments les plus profonds. N’étant pas un homme de lettres, je ne sais comment vous l’annoncer autrement qu’en vous disant simplement que je vous aime. Je ne suis pas sûr de pouvoir vous promettre de façon honnête toutes les étoiles du ciel, en revanche, ce que je peux vous promettre c’est un amour vrai se nourrissant de promenades à cheval et d’autres moments d’amour pur et simple.

Je ne suis certes pas l’homme le plus beau, ni le plus intelligent, mais je vous aime pour ce que vous êtes. J’aime tous ces petits détails qui font que vous êtes vous-même. J’aime voir vos mains lorsqu’elles se baladent sur le clavier du piano, votre peau écumée par la sueur de votre buste quand vous vous donnez à vos besognes en temps de grandes chaleurs.

Etant médecin, j’ai suffisamment d’argent pour vous accueillir sous mon toit et vivre de façon agréable, et si cet air ne vous convient plus, nous pourrons déménager. Je conçois que la révélation que je vous fais là est importante, c’est pour cela que même si je viens demain, je n’attends pas de réponse immédiate.

En revanche, si jamais vous n’êtes pas sensible à mon amour, je préfèrerai quand même une réponse. Même si vous n’acceptez pas mon amour, acceptez au moins mes plus sincères remerciements, car après la mort de ma première femme Héloïse, vous avez été là pour me faire comprendre que la vie ne s’arrête pas pour moi. Même si mon amour pour elle n’était que très mince, nous avions partagé des moments ensemble, des émotions et des souvenirs. Perdre une personne proche n’est jamais quelque chose d’agréable. Donc encore une fois, merci.

Je vous souhaite une agréable journée, et à demain, en espérant que vous n’ayez pas été décontenancée.

Charles Bovary

 

Tag(s) : #madame bovary, #S1
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :