Publié par Mai & Vincent
Et, dès qu’elle fut débarrassée de Charles, elle monta s’enfermer dans sa chambre.
D’abord, ce fut comme un étourdissement ; elle voyait les arbres, les chemins, les fossés, Rodolphe, et elle sentait encore l’étreinte de ses bras, tandis que le feuillage frémissait et que les joncs sifflaient.
Mais, en s’apercevant dans la glace, elle s’étonna de son visage. Jamais elle n’avait eu les yeux si grands, si noirs, ni d’une telle profondeur. Quelque chose de subtil épandu sur sa personne la transfigurait.
Elle se répétait : « J’ai un amant ! un amant ! » se délectant à cette idée comme à celle d’une autre puberté qui lui serait survenue. Elle allait donc posséder enfin ces joies de l’amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré. Elle entrait dans quelque chose de merveilleux où tout serait passion, extase, délire ; une immensité bleuâtre l’entourait, les sommets du sentiment étincelaient sous sa pensée, et l’existence ordinaire n’apparaissait qu’au loin, tout en bas, dans l’ombre, entre les intervalles de ces hauteurs.
Alors elle se rappela les héroïnes des livres qu’elle avait lus, et la légion lyrique de ces femmes adultères se mit à chanter dans sa mémoire avec des voix de sœurs qui la charmaient. Elle devenait elle-même comme une partie véritable de ces imaginations et réalisait la longue rêverie de sa jeunesse, en se considérant dans ce type d’amoureuse qu’elle avait tant envié. D’ailleurs, Emma éprouvait une satisfaction de vengeance. N’avait-elle pas assez souffert ! Mais elle triomphait maintenant, et l’amour, si longtemps contenu, jaillissait tout entier avec des bouillonnements joyeux. Elle le savourait sans remords, sans inquiétude, sans trouble.
Madame Bovary (1857), Gustave Flaubert - Deuxième partie, Chapitre 9
Ô Rodolphe, je vous écris cet humble poème, il vous est destiné car les milliers de choses que j'aimerais partager avec vous, je ne peux le garder encore plus longtemps pour moi seule.
Depuis notre balade, vous ne quittez plus mon esprit. Je ne peux m'empêcher de penser à cet instant que nous avons vécu ensemble, dans la forêt. Oh oui ! À ce fameux moment de délivrance où je me suis abandonnée à vous. Dire que le plus profond de mon âme n'a su résister à la tentation. À me rappeler ce moment, toutes ces sensations enfouies depuis si longtemps ne tardent à me revenir, quand je pense à vous. Vous seul avez réussi à prendre mon cœur.
Si vous saviez ô combien vous occupez mon esprit en ce moment. Je ne cesse de penser à votre regard brillant. Votre sourire charmeur me transporte vers d'autres lieux lorsque je vous observe dans toute votre grandeur. Votre odeur si douce et singulière me donne à nouveau des frissons quand votre doux parfum me revint à l'esprit et envahit nostalgiquement mes narines. Rodolphe, je ne cesse de vous aimer éperdument.
Ô cher Rodolphe, si vous saviez à quel point je vous aime !
Jamais mon cœur n'a ressenti de telles émotions aussi intenses et profondes pour un homme. Votre beauté est si éblouissante qu'elle en est à couper le souffle. Toutes ces sensations que vous me faites vivre : elles sont si fortes, si puissantes que je ne puis y résister. Rien que votre présence suffit à semer le trouble dans mon esprit. Vous êtes la raison pour laquelle mon cœur, enflammé, bat jour et nuit. Mon amour pour vous est inextinguible. Je serais prête à fuir jusqu'au bout du monde pour me retrouver avec vous, qu'importe les conséquences et le prix qu'il en coûte. Je me dévouerais toute entière pour être vôtre. Vos mots doux et vos caresses sont impossibles à oublier. Mon sang chauffe rien qu'en me rappelant l’étreinte poignante dans vos bras.
Ah, Rodolphe ! Vous ne sauriez comprendre tout ce que je serais capable de faire pour être en votre présence en ce moment même. Vous êtes le seul que j'aime, et que j'aimerais toujours. Que dis-je ! Je suis tout simplement folle de vous. Si folle que j'en perds la raison. Et je ne peux me passer de ce sentiment si bon. Avec vous, je me sens libre ! Et j'en voudrais toujours plus, de cet amour inéluctable ! Cet amour est si fort que mon cœur palpite rien qu'à votre pensée.
Il n'y a nul doute : vous seul avez réussi à me faire vivre une romance aussi passionnante ! Une romance que même moi, je n'aurais jamais pensé vivre jusqu'à ce que nous nous rencontrions. J'ai toujours l'impression qu'en votre compagnie, rien n'est impossible. Que tout ce dont je désire, je l'obtiendrais en étant à vos côtés. Lorsque votre regard croise le mien, je sens mon corps éclater de mille feux tant mes émotions me submergent.
Ô mon cher Rodolphe, j'espère sincèrement que ce poème saura vous toucher autant que moi. J'ai si envie de vous revoir ! Revenez aussi vite que vous le pouvez ! Vous me manquez déjà tant.
Votre dévouée,
Emma