Publié par Loane et Liza
« Je ne vous oublierai pas, croyez-le bien, et j’aurai continuellement pour vous un dévouement profond ; mais, un jour, tôt ou tard, cette ardeur (c’est là le sort des choses humaines) se fût diminuée, sans doute ! Il nous serait venu des lassitudes, et qui sait même si je n’aurais pas eu l’atroce douleur d’assister à vos remords et d’y participer moi-même, puisque je les aurais causés. L’idée seule des chagrins qui vous arrivent me torture, Emma ! Oubliez-moi ! Pourquoi faut-il que je vous aie connue ? Pourquoi étiez-vous si belle ? Est-ce ma faute ? Ô mon Dieu ! non, non, n’en accusez que la fatalité ! Ah ! si vous eussiez été une de ces femmes au cœur frivole comme on en voit, certes, j’aurais pu, par égoïsme, tenter une expérience alors sans danger pour vous. Mais cette exaltation délicieuse, qui fait à la fois votre charme et votre tourment, vous a empêchée de comprendre, adorable femme que vous êtes, la fausseté de notre position future. Moi non plus, je n’y avais pas réfléchi d’abord, et je me reposais à l’ombre de ce bonheur idéal, comme à celle du mancenillier, sans prévoir les conséquences. Le monde est cruel, Emma. Partout où nous eussions été, il nous aurait poursuivis. Il vous aurait fallu subir les questions indiscrètes, la calomnie, le dédain, l’outrage peut-être. L’outrage à vous ! Oh !… Et moi qui voudrais vous faire asseoir sur un trône ! moi qui emporte votre pensée comme un talisman ! Car je me punis par l’exil de tout le mal que je vous ai fait. Je pars. Où ? Je n’en sais rien, je suis fou ! Adieu ! Soyez toujours bonne ! Conservez le souvenir du malheureux qui vous a perdue. Apprenez mon nom à votre enfant, qu’il le redise dans ses prières. Je serai loin quand vous lirez ces tristes lignes ; car j’ai voulu m’enfuir au plus vite afin d’éviter la tentation de vous revoir. Pas de faiblesse ! Je reviendrai ; et peut-être que, plus tard, nous causerons ensemble très froidement de nos anciennes amours. Adieu ! »
Madame Bovary, Deuxième partie, chapitre 13, pages 261-262
Suite à la lettre d'adieu de Rodolphe, Emma, demi-consciente, exprime ses sentiments envers Rodolphe, avant de se noyer dans sa tristesse.
Cher Rodolphe,
mon amour, mon Aimé,
Soudainement vous vous êtes éloigné,
Comment avez-vous fait pour m'oublier ?
Nos chemins sont désormais séparés,
Dans mon cœur toujours vous demeurerez.
Dès votre venue j'ai tout de suite su,
Dans les bois, à cheval, main dans la main,
Vous, romantiquement de blanc vêtu,
Parfois sans me soucier du lendemain.
Votre abandon m'a beaucoup affectée,
Mon cœur est bouleversé et brisé,
Rappelez-vous quand vous me regardiez,
Mais, dès à présent, je suis dévastée.
Je vous croyais bien aimant envers moi,
Mon cœur a brûlé de désir pour vous,
Nous étions tellement proches vous et moi,
Mais, quand nous nous voyions, que pensiez-vous ?
Je suis seule et triste dorénavant,
Ma vie n'a aucun sens sans vous revoir,
Le soir, la mort m'appelle à présent,
Je garde espoir d'être dans votre mémoire.
Adieu et à jamais mon bien-aimé Rodolphe,
Emma Bovary