Publié par Artus

Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d’un monument construit en marbre noir,
Et lorsque tu n’auras pour alcôve et manoir
Qu’un caveau pluvieux et qu’une fosse creuse ;

Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse
Et tes flancs qu’assouplit un charmant nonchaloir,
Empêchera ton cœur de battre et de vouloir,
Et tes pieds de courir leur course aventureuse,

Le tombeau, confident de mon rêve infini
(Car le tombeau toujours comprendra le poëte),
Durant ces longues nuits d’où le somme est banni,

Te dira : « Que vous sert, courtisane imparfaite,
De n’avoir pas connu ce que pleurent les morts ? »
— Et le ver rongera ta peau comme un remords.

Charles Baudelaire, Remords posthume, Les Fleurs du mal (1857)

L’amère plainte de l’âme © Artus

 

Ô ton doux tombeau – où tu ne lambineras,

– Où tu ne pourras point résider calmement,

– Où tu sentiras ce que pleure le trépas ;  

Quand ce roc perçant t'écrasera lentement,

 

Ton cœur ne sentira plus de lents battements,

Comme tu regretteras cette vie amère !

Tes remords seront enfouis dans la tanière

Et te hanteront tels des hurlements stridents !

 

Tag(s) : #fleurs du mal, #1G2
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :