Publié par Alexandre M.
Ô Paris
Gare centrale débarcadère des volontés carrefour des inquiétudes
Seuls les marchands de couleur ont encore un peu de lumière sur leur porte
La Compagnie Internationale des Wagons-Lits et des Grands Express Européens m’a envoyé son prospectus
C’est la plus belle église du monde
J’ai des amis qui m’entourent comme des garde-fous
Ils ont peur quand je pars que je ne revienne plus
Toutes les femmes que j’ai rencontrées se dressent aux horizons
Avec les gestes piteux et les regards tristes des sémaphores sous la pluie
Bella, Agnès, Catherine et la mère de mon fils en Italie
Et celle, la mère de mon amour en Amérique
Il y a des cris de sirène qui me déchirent l’âme
Là-bas en Mandchourie un ventre tressaille encore comme dans un accouchement
Je voudrais
Je voudrais n’avoir jamais fait mes voyages
Ce soir un grand amour me tourmente
Et malgré moi je pense à la petite Jehanne de France.
C’est par un soir de tristesse que j’ai écrit ce poème en son honneur
Jeanne
La petite prostituée
Je suis triste je suis triste
J’irai au Lapin Agile me ressouvenir de ma jeunesse perdue
Et boire des petits verres
Puis je rentrerai seul
Paris
Ville de la Tour unique du grand Gibet et de la Roue.
Paris, 1913
Blaise Cendrars,
Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France (1913)
Au retour du voyage © Alexandre M.
Mes voyages
J'ai toujours voulu partir en voyage
Explorer des mondes inconnus
Rencontrer de nouvelles personnes
Partager des expériences inédites
Mais si nous partons un matin
Tout heureux et optimiste
Dans ce voyage tant rêvé et imaginé
La réalité parfois nous rattrape
Et à ce monde en mouvement idéalisé
À ces couleurs vives, ces odeurs surprenantes
À ces îles dont le nom à lui seul fait déjà voyager
Zanzibar, Madagascar
La carte postale laisse parfois la place
À une mélancolie et à une certaine désillusion
Perdre ses repères peut nous perturber
Et ce n'est que sur le chemin du retour
Qu'apparaît l'évidence
Si voyager est synonyme de départ
Le retour fait lui aussi partie du voyage