Publié par Nolwenn
« Mort »
Ta mort parle vrai, ta mort parlera toujours vrai. ce que parle ta mort est vrai parcequ'elle parle. certains ont pensé que la mort parlait vrai parceque la mort est vraie. d'autres que la mort ne pouvait parler vrai parceque le vrai n'a pas affaire avec la mort. mais en réalité la mort parle vrai dès qu'elle parle.
[…]
Quand ta mort sera finie. je serai mort.
« Nonvie »
Le cou serré par la corde du réveil
Le corps aggloméré au front
De durée plat désert à la mauvaise bande son
Voulant désespérément coller sa parole quelque part
Et sourire à vide devant ton noir visage
Léchant ta peau sablonneuse parfois de musique
Inclus dans l’enfer circulaire de voir et voir
Sans cesse ton visage éteint de souffle retiré
Comme à l’instant assez profond où j’ai compris
Jacques Roubaud, « Mort » p.66, « Nonvie » p.140, Quelque chose noir (1986)
* L’absence de majuscule après un point et l'écriture de « parceque » (au lieu de « parce que ») sont des choix typographiques et orthographiques de Jacques Roubaud.
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© Nolwenn
tourmentée et épuisée par SA vie,
elle n’en pouvait plus.
alors elle prit ce qu’elle pensa être SA seule solution.
une lame.
cette lame n’était pas n’importe quoi pour elle, cette lame la faisait se sentir heureuse,
et vivante par cette douleur,
comme jamais cela ne lui était arrivé auparavant.
ce n’était au début qu’un petit trait,
sans même savoir qu’il marquerait le début de SA fin.
ce n’était au début qu’un petit trait,
puis ce fut le deuxième,
et le troisième…
elle fut malmenée par cette addiction,
elle fut prisonnière de cette lame.
mais ça faisait bien trop longtemps qu’elle était prisonnière,
prisonnière de son mal-être,
prisonnière de ses larmes.
alors elle continua.
et continua par habitude et par besoin,
mais ce soir-là,
c’était le trait de trop.
SON corps gisant sur le sol,
les cuisses et les poignets baignant dans SON sang,
SON dernier sourire au coin de lèvre,
et cette lame.
cette lame qui l’avait tuée.
était là,
posée sur SON cœur.
car finalement,
cette lame la tenait en vie mais, l’a tuée petit à petit.
cette lame était la seule chose qui lui tenait à cœur.
cette lame était SON cœur.
mais à moi MON cœur c’était elle,
elle n’était pas n’importe qui pour MOI,
elle ME rendait heureux,
vivant par ces moments de joie, de rires.
c’était la première fois qu’on ME faisait me sentir, ME sentir d’une telle façon le bonheur de la vie.
ce n’était au début qu’un moment de déni,
je ME disais : « elle finira bien par revenir ».
puis vint le jour où je fus ramené à la réalité,
et ce moment où je crus retourner dans
MON passé,
le revivre
que finalement cette fille n’était qu’un rêve.
j’ai vu MON propre monde s’effondrer face à MON impuissance.
car,
ça faisait bien longtemps qu’elle M’apprenait à sourire,
à vivre,
à être joyeux,
mais finalement…
pas assez longtemps.
pas assez longtemps, pour continuer de sourire sans MA Joie.
je repensais constamment à ce dernier sourire,
SON dernier sourire.
en ME disant qu’il était certainement là dans un but.
dans un but de ME montrer l’exemple.
comme toujours faisait-elle !
je devais suivre :
SON exemple,
SON sourire.
et tout cela sans même,
SA présence.