Publié par Yuna

Comme d’un cercueil vert en fer blanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D’une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des déficits assez mal ravaudés ;

Puis le col gras et gris, les larges omoplates
Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort :
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l’essor ;
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates :


L’échine est un peu rouge, et le tout sent un goût
Horrible étrangement ; on remarque surtout
Des singularités qu’il faut voir à la loupe…

Les reins portent deux mots gravés : Clara Vénus ;
— Et tout ce corps remue et tend sa large croupe
Belle hideusement d’un ulcère à l’anus.

Arthur Rimbaud, « Vénus anadyomène », Cahier de Douai (1870)

La gloire oubliée d'Hercule © Yuna

 

Dans l'ombre pressante gît Hercule dont la force s'éteint,

Ses muscles robustes, jadis vaillants, sont restreints ;

Privé de sa puissance, son pouvoir s'est affaibli,

Portant le fardeau de l'ennui dans la triste nuit.

 

Les exploits accomplis, le voici désormais en peine,

Son cœur, battu par la fatigue, chante une mélodie vaine ;

Sa force, une légende, perdue dans le vent au fil du temps,

Son mythe est déconstruit, éparpillé comme des fragments.

 

Hercule, le héros déchu, cherche une pause,

Sous le poids de son passé, il erre sans cause ;

Sa grandeur d’antan n’est plus qu’un lointain écho,

Son destin dans les musées désormais est clos.

 

Tag(s) : #cahier de douai, #1G2
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