Publié par Kaïs

En ce temps-là, j'étais en mon adolescence

J'avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance

J'étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance

J'étais à Moscou dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares

Et je n'avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours

Car mon adolescence était si ardente et si folle

Que mon cœur tour à tour brûlait comme le temple d'Ephèse ou comme la Place Rouge de Moscou quand le soleil se couche.

Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.

Et j'étais déjà si mauvais poète

Que je ne savais pas aller jusqu'au bout.

Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare croustillé d'or,

Avec les grandes amandes des cathédrales, toutes blanches

Et l'or mielleux des cloches […]

Blaise Cendrars, La Prose du Transsibérien (1913)

Après un long chemin dans le désert marocain © Kaïs

 

En ce temps-là, j'étais en mon adolescence

J’étais là où tout a commencé, sur la chaussée de mes aînés

J’étais dans le Sahara par désir de revoir les contrées éloignées

Dans cette vision vaste et dorée j’avais l’esprit perturbé

À travers les dunes nous nous frayions un chemin

Nous tracions la route jusqu'à demain afin de retrouver les miens

 

Dans cette étendue vaste et aride je voyais des mirages

Parmi ces mirages je revis leurs visages

Parmi ces mirages l’illusion de mille plages

Parmi ces mirages une oasis au loin

L’oasis d’espoir dans une mer de sable 

L’endroit est familier mais il suffit d’un instant, un court instant, pour le voir s’envoler

 

Quand la nuit commença à tomber

Nous avions les lèvres gercées

Enfin je les aperçus au bout du chemin

Enfin, le cœur apaisé.

 

Tag(s) : #blaise cendrars, #1MG3
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