Publié par Clara et Jeanne K.

C'est un frôlement qui m'a réveillé. D'avoir fermé les yeux, la pièce m'a paru encore plus éclatante de blancheur.

L'étranger (chapitre 1), Albert CAMUS

Visions funèbres

             Soudain les vieillards commencèrent à se transformer, les murs devenaient de plus en plus sombres, et des bruits bizarres venaient combler le silences gênant qui s’était installé durant cette veillée entre les pensionnaires et moi. Ces mêmes bruits semblaient venir de la porte mais quand je la regardais,  elle était toujours fermée. De temps en temps mes paupières étaient tellement lourdes que je me surprenais en train de dormir mais ce n’était, très souvent, pas très long car le bruit glacial de cette porte qui semblait grincer me réveillait. La peur commença à m’envahir, d’énormes frissons parcouraient mon corps tout entier. Je regardais autour de moi. Je ne comprenais pas, je ne savais plus du tout où j’étais. Est-ce que j’étais bien dans une morgue ? ou autre part dans un endroit que je ne pouvais distinguer ?  Cet endroit où je me trouvais n’était plus du tout le même où maman reposait avant d’être enterrée, celui où je me trouvais quelques minutes auparavant. Des choses se dessinaient sur les murs : des sortes de signes ou de lettres venues d’une autre langue que la mienne. Je ne savais absolument pas à quoi se rapportaient ces motifs et cela m’effrayait de plus en plus.

            Sur ce même mur était accrochée une horloge avec des chiffres méconnaissables, mais les aiguilles me permettaient de déduire qu’il était 3h30 du matin. J’étais comme paralysé sur ma chaise. La seule chose que je pouvais faire à présent était de cligner des yeux. Je sentais mon cœur s'accélérer, dans mon cou des gouttes coulaient, une puis deux. Mon cerveau perturbé, les émotions, tout ce désordre se ressentait sur mon corps. Je me retournai, et vis les vieillards tous déformés, la peau pâle, des nombreux bras apparaissaient sur le corps d'une vieillarde, je lui vis quatre bras. Leurs cheveux se décomposaient, tous perdaient leurs cheveux, un tas se forma sur le sol. Soudain les vieillards tombèrent tous, un par un, puis se relevaient. Une forte odeur de vinaigre se faisait ressentir dans toute la pièce. Je sentais mon corps lâcher, fatigué de toutes ces événements, je me rendormis puis me réveillai encore avec ce bruit permanent de la porte qui grinçait, qu’on entendait dans toute la morgue. Un homme entra dans la pièce, c'était un grand homme barbu, il portait des lunettes blanches. Il était vêtu de noir, avec un collier qui attira mon attention, le visage de maman était sur le pendentif. Mes paupières se fermaient, petit à petit, puis soudain je sursautai. L'homme avait toujours son collier mais le pendentif n'était pas maman, juste une croix. Il n’était pas non plus vêtu de noir, ni ne portait de lunettes blanches. Comment toutes ces apparences avaient-elle changer ? Je compris que la fatigue était tellement intense qu'elle se faisait ressentir sur moi, ce n'était que des hallucinations. Mais pourtant cela continuait : l'homme avança vers moi sans un mot, puis tomba et disparut de la morgue.

             Tout ceci ne s'arrêtera donc jamais?

Tag(s) : #l'étranger, #fantastique
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :