Publié par Enzo

J'ai mal jusqu'à devenir fou, comme si j'étais possédé par le démon

J'ai mal jusqu'à devenir fou, comme si j'étais possédé par le démon

Quand on est pris dans cet engrenage de ne pas décevoir, le premier mensonge en appelle un autre, et c'est toute une vie…

L'Adversaire, Emmanuel Carrère

            John était un jeune homme né dans une famille pauvre. Il avait un grand frère, Dennis mais son père, Jean-Claude, était dans le coma et sa mère, Micheline, aveugle.

     Pendant son enfance, il était persécuté à l'école et se faisait, tous les jours, voler son goûter. Plusieurs fois, il lui arriva de prendre son courage à deux mains et de s'opposer à ses harceleurs mais chaque fois cela finissait avec des points de suture et des yeux au beurre noir. Il était irréalisable pour lui  d'aller les dénoncer à la police, il avait trop peur des répercussions que cela pouvait entrainer.

     Quelques années plus tard, il entra au collège et se fit des amis. Pour ne pas se sentir différent John mentit sur tout et n'importe quoi, notamment l'état de ses parents. Un jour, alors qu'il rendait visite à son père mourant avec sa mère, à l’hôpital, il sentit une présence qui l'observait. En se retournant, il vit de loin Léon, un élève de sa classe qui semblait avoir tout compris entre ce qui se passait entre lui et son père. Sur le moment John ne se soucia de rien. Ce ne fut que le lendemain qu'il comprit que cela était critique. En effet, en arrivant au collège personne ne voulut lui parler, il était seul, Léon avait tout raconté : le fait que son père était dans le coma, que sa mère avait une canne pour se repérer dans l'espace, qu'elle était aveugle, tout le monde savait tout ! Les élèves le regardaient avec un air de mépris, comment pouvait-on autant mentir sur sa famille ? C'est ce qu'ils devaient se demander.

     Suite à cela, il resta seul pendant des mois, méprisé de tous. Il était le dernier choisi en sport, personne ne voulait travailler avec lui. Puis un jour, il partit parler à Léon mais à peine l'eut-il approché qu'il le vit faire un signal et remarqua, affolé, une horde de personnes sauter sur lui. Il fut immobilisé contre le sol et cria à l'aide. Léon sortit un couteau de son sac à dos, prit la langue du menteur, et dit d'une voix féroce : « Si je te la coupe, tu ne pourras plus jamais raconter de bobards ! ». Son frère, de cinq ans plus âgé, qui passait dans le coin, sauta dans la foule de collégiens. Miraculeusement, il réussit à extirper son frère de cet amas de furieux mais Léon, surpris, qui avait lâché son couteau, reprit ses esprits et ordonna d'attraper Dennis. En entendant cela, le menteur compulsif malgré lui se jeta dans la foule, prit le couteau qu'avait lâché Léon, et commença à crier que le premier qui bougerait, il le découperait. À peine eut-il finit sa phrase qu’à nouveau une poignée d'élèves se rua sur lui et le poussa. Il finit par tomber sur son frère, puis d'un coup, il l'entendit crier de toute ses forces, mécaniquement. Il regarda son couteau et là, il y avait une petite flaque de sang avec une chose, il venait de couper le doigt de son frère. Pendant un cours instant, il eut encore envie d'infliger cette sensation de douleur immense mais il se reprit. En recouvrant ses esprits, il vit qu'avec le hurlement de son frère ses agresseurs décampaient à la vitesse de l'éclair.

     Suite à cet épisode, John eut des pulsions, il avait envie d'offrir à nouveau la douleur qu'il avait infligée à son frère. Il se contrôla, jusqu'au jour de ses dix-huit ans, où voyant son frère dormir, il lui coupa tous les autres doigts, puis d'un coup sec, la gorge ! En entendant les cris abominables de Dennis, sa mère tomba dans les pommes. En se réveillant, elle était attachée, John décida simplement de lui couper les oreilles. Elle finit par succomber d’une hémorragie. John alla voir son père, à qui il enleva tous les câbles vitaux qui le reliaient encore à la vie. John, enfin, se regarda dans le miroir : il se trancha la gorge.

 

Tag(s) : #l'adversaire
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :