Publié par Hamza et Boussad

Le soldat glorieux

Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque.

Candide (1759), Voltaire

      Le soldat entra dans la pièce avec sa nouvelle arme à la main, couverte de boue et de sang. Il portait un uniforme de camouflage kaki et vert clair. Il avait un très vieux casque, des bottes noires trouées, et un sac à dos rempli de vivres et de munitions.

     Les membres de la famille réfugiée dans le coin de la pièce, apeurés par le soldat, se tenaient tous par la main. Mais le soldat lui n'était pas là pour ça, s’apitoyer, il s'ennuyait. Il était là pour détruire le village, tuer tous les habitants, et repartir agir de même dans un autre village. Il redressa sa nouvelle arme, qu'il était pressé de tester, et appela le plus petit de la famille. Il lui tira plusieurs balles dans la tête, la cervelle gicla sur les murs, le sol, le plafond, et sa famille se mit à pleurer car ils savaient qu'il leur arriverait la même chose. Dans tous les cas, ils ne sortiraient pas par la porte d'entrée.

     Le soldat appela ensuite le plus vieux. Il se rappela qu'il avait un katana le long de la jambe. D'un coup net, il trancha la tête du vieillard. La tête vola et sortit par la fenêtre, le sang qui sortit de sa gorge éclaboussa le soldat, et moucheta les deux derniers survivants de la famille.

     L'avant-dernière, une fille, fut torturée avec un rat. La bête était serrée sur le ventre de la jeune fille, écrasée sous une serviette humide et chaude, plaquée sur l'abdomen juvénile. Le rongeur creusa le ventre jusqu'à ressortir de l'autre côté du corps ensanglanté. Le soldat prit du plaisir à regarder la scène.

     Le soldat regarda le dernier avec un sourire maléfique. L'enfant pleurait, il ne savait pas comment il allait mourir. Le soldat sortit de la pièce et revint avec deux bidons d'essence. Il aspergea toute la pièce d'essence, comme s'il arrosait ses fleurs. Il arrosa aussi l'enfant. Il recula, prit son briquet, sortit de la pièce et jeta le briquet dedans. Il sortit du bâtiment et l’on entendit l'enfant crier de toutes ses forces. Il hurla de douleur jusqu'à la mort.

     Le soldat n’avait pas tué ses ennemis, il avait juste tué l'ennui.

     Les autres soldats, impressionnés devant cette scène, l'applaudirent.

     Son peuple le considéra comme un héros de guerre.

 

    Ce texte polémique est une dénonciation de la gratuité de la violence qui sévit durant les guerres.

 

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