Publié par Réjane

La botte rêvée

En Chine, pas une chose qui ne soit d'habileté.
La politesse n'y est pas un simple raffinement plus ou moins laissé à l'appréciation et au bon goût de chacun.
D'autre part, la ruse en Chine n'est nullement liée au mal, mais à tout.
La vertu, "c'est ce qu'il y a de mieux combiné."

Un barbare en Asie (1933), Henri Michaux

       Partir... J'ai toujours eu cette envie, partir, partir loin, m'évader, découvrir de nouveaux horizons, d'autres gens, des modes de vie différents. Grâce à mes parents, j'ai pu concrétiser ce souhait et voyager dans plusieurs pays : Espagne, Portugal, Italie, etc.

      Avant de partir ainsi vers l'inconnu, nous avons tous des préjugés, fondés sur une image, une histoire, un événement, ou tout simplement une réputation, et mon départ pour l'Italie n'échappait pas à cette règle. Pourtant, de toujours, cette « botte » m'a attirée, peut-être même aurais-je adoré avoir des origines italiennes. Ses paysages secs et arides, ses villages aux maintes couleurs, la jovialité des gens du sud, la cuisine à l'huile d'olive, la mer transparente au bleu-turquoise, les plages de sable noir faisaient fantasmer mon imaginaire. Qui n'aurait pas aimé s'envoler vers un tel pays idyllique ? Mais avant de partir, me voilà prise d'un doute. Ces images d'Epinal, surtout celle relative à la population, étaient-elle véridiques ?

       Souvent, on dit que les français sont froids, arrogants, qu'ils ne savent ni sourire ni s'amuser. Les Italiens par contre, dit-on, sont à l'opposé. On va même jusqu'à les trouver trop séducteurs un peu macho, un rien fiers et imbus de leur beauté ténébreuse. On dit aussi qu'ils parlent trop fort, en gesticulant tout le temps. Et je pourrais même compléter la liste : sur leurs vespas, ils se croient tout permis, conduisent sans se soucier du code de la route, aiment les beaux habits et les vêtements de marque. Monter dans une voiture était devenu pour moi un moment de stress, voire de peur. Les feux tricolores, les stops, les cédez-le-passage, les priorités, rien n'est respecté ou si peu. Revenu en France, on constate avec reconnaissance que les automobilistes sont bien plus disciplinés et attentifs aux autres. Pas tous évidemment. On ajoute aussi que les italiens sont séducteurs, et ceci est loin d'être une légende. Quand je passais à côté d'eux, je sentais chaque fois des yeux se poser sur moi, me détailler de la tête aux pieds, et sans jamais détourner le regard. Gênée, mal à l'aise, je ne savais comment réagir et me comporter. En France, cela peut aussi arriver, mais pas avec la même insistance, la même arrogance. Durant le temps passé à fréquenter ces gens du sud, j'ai toutefois aussi appris à les apprécier et ai été obligée d'admettre que cette réputation n'était pas toujours justifiée, qu'ils savaient aussi être humbles et agréablement courtois.

       Quant aux paysages, ils sont tout simplement splendides. Brûlés par le soleil, parfois aussi dénudés que le désert, la nature n'a rien de commun avec la végétation luxuriante et verte de notre région. Parcourir ces vastes étendues fut un vrai dépaysement pour la bretonne que je suis. Je n'aurais jamais imaginé les villages aussi colorés, aussi accueillants avec toute cette musique qui envahit du matin jusqu'au soir les ruelles étroites.

       Cependant, parfois, la saleté m'a laissée sans voix. Du linge à toutes les fenêtres, des sacs poubelles et des cartons de vêtements abandonnés le long des routes, des journaux, papiers, bouteilles en plastique, volant dans les airs à la moindre risée. Toute cette pollution ne semble déranger ni les Italiens ni les autorités. Cela serait inimaginable en France, et tant mieux !

       Je pourrais continuer mon bavardage pendant des heures tant l'Italie m'a captivée. Si les stéréotypes qui sont véhiculés sont parfois vrais, rien ne vaut la réalité : être confronté à la vie quotidienne. C'est ainsi que de chaque pays, on peut juger par soi-même les côtés positifs et négatifs, faire son propre jugement et développer sa connaissance et son esprit critique, loin de toutes les banalités qui peuvent être véhiculées.

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