Publié par Louise
Les deux dernières années, quand venait ton tour d’être interrogé, il renonçait à vérifier si tu savais ta leçon, et t'attribuait d'office la meilleure note.
Ton sérieux ta maturité et ta soif d'apprendre l'avaient impressionné.
Au fond de moi, je ne me suis jamais réellement posé de questions.
J'aurais bien dû.
L'école, l'école ! Quelles aventures riches en émotions. Je n'aimais pas ça, étant enfant. Je n'avais pas conscience, je ne comprenais pas.
Je me suis toujours sentie différente, et j'aime ça. Ma divergence me disait : « Tu es toi, tu seras forcément quelqu'un. »
Pensées qui ont fait de moi cette personne nonchalante. Évidemment ! Puisque j'étais destinée à quelque chose de grand. Ou bien peut-être l'opposé ?
La vérité, c'est que je n'en ai pas la moindre idée. Cette perpétuelle question de réussite, que l'on nous intègre dès notre plus jeune âge. Tout cela n'est que foutaises. Un prétexte pour nous enfermer. La vie est un jeu pour moi. Pensez-vous que je me souciais d'un avenir programmé ?
J'ai doublé ma classe de troisième. Quelle joie! Grandir trop vite m'apeurait. En doublant cette classe, je n'avais toujours pas conscience. Mes efforts concernant le travail n'étaient toujours pas…déterminés.
Mes amis riaient, je riais, nous riions. Mais tout cela ne dure qu'un temps. Ils continuaient d'avancer, je stagnais. Si encore cela ne s'était pas reproduit l'année suivante ! Mais qu'avais-je à reprocher, à qui que ce soit ? C'était ma faute, j'avais choisi. J'avais choisi de m'abaisser. Tout cela n'est qu'un éternel recommencement, une boucle bouclée ; et sans boomerang ; je ne comprenais toujours pas.
En doublant ma classe de seconde, j'ai compris. J'ai fini par comprendre tous ces discours moralisateurs : « On récolte ce que l'on sème », me disait-on souvent.
Ce moment de ma vie m’a fait l'effet d'un choc brutal. Pour la première fois, je me remettais en question.
Ce fut une incontestable frustration. C'est à ce moment que j'ai cessé de divaguer. Et pourtant, l'impression de ne jamais avancer.
Ce sentiment d'égarement est toujours présent.