Publié par Max
L'horizon se rapprocha comme si nous nous élancions vers lui à travers le souffle de la nuit.
C'était le 11 mars 2011, tout le monde ne parlait que d'une seule chose : la centrale nucléaire de Fukushima avait explosé. J’avais huit ans quand cela est arrivé. Je n'avais aucune idée de ce qui s'était passé mais on en parlait comme d’une catastrophe. À l’école, les professeurs l'ont mentionnée à plusieurs reprises, mais sans nous expliquer ce qui avait vraiment eu lieu.
Je rentre à la maison en me posant plein de questions à ce sujet. Au repas, on en parle enfin sérieusement. Papa explique ce qu'il a entendu à la radio l’après-midi : il y a eu un premier tremblement de terre le 9 mars de magnitude 7,2 ; suivi de 3 secousses de magnitude supérieure à 6,0. Il y a eu près de 215 000 personnes évacuées. Ce tremblement de terre a provoqué une panne d'électricité à la centrale nucléaire de Fukushima, et la secousse du 11 mars a créé un tsunami qui a dévasté une région entière du nord du Japon, en inondant tout. La centrale, n'ayant pas été construite dans les normes de sécurité, les réacteurs n'ont pas pu être refroidis, elle a donc explosé.
Le lendemain matin, c'était partout (journaux, radio et télévision), j'ai trouvé ça très triste et je me suis mis à la place des familles dont la maison avait été dévastée. Je me disais que si ça devait nous arriver, je ne sais pas comment nous ferions, ça serait la panique générale. Après ça, on a vu à la télévision des pompiers avec des masques à gaz essayant de trouver la cause de l'explosion, des familles essayant de sauver le maximum de leurs affaires, des villes entières complètement immergées et beaucoup d'autres horreurs. On voyait des japonais avec des masques sur le visage, en prévision d'une éventuelle contamination atomique.
À l'école, tous les professeurs en parlaient. Cette nouvelle faisait maintenant partie de notre vie. Chaque jour, les secours japonais retrouvaient des blessés ou des morts sous des maisons dévastées. Et un soir, pour la première fois depuis quinze jours, on n’en a pas parlé au journal de 20 heures, non plus dans les autres journaux. À l’école les professeurs n'y pensaient plus : la vie avait repris son cours, comme si rien ne s'était passé.