Publié par Samuel

Captif Covid-J 15

       Il est huit heures pile quand, soudain, je me sens comme tiré de mon lit par le bruit strident de mon réveil. Encore à moitié endormi, je prends mon courage à deux mains pour éteindre cette horrible machine qui, depuis maintenant quinze jours, me torture au réveil, et m’annonce en même temps que je devrais passer la journée ici, chez moi, confiné. J’ouvre mon volet, un puissant faisceau de lumière m’éclaire instantanément, le ciel est bleu, un bleu d’hiver. J’ouvre mon velux, et un froid glacial m’envahit, il n’y a pas de vent, pas de bruit. Rien. Seuls quelques petits oiseaux chantonnent.

       Je reprends conscience que depuis maintenant deux mois une pandémie mondiale fait des ravages sur terre. Plus de trente mille morts, dont vingt et un mille en Europe, pour un total de six cent quarante mille infectés.

       Rien qui n’annonce une bonne journée.

       Je ferme mon velux et je me prépare pour travailler à la maison.

      Mes journées sont longues, lentes, comme étirées, comme si le temps ralentissait un peu plus chaque jour, comme s’il était à l’arrêt. J’ai beau habiter dans un tout petit village de deux mille habitants, j’ai aussi vu des choses changer. Les trois bars sont fermés, la plupart des petits commerces aussi, seule la boulangerie reste ouverte le matin. Il n’y a personne dans les rues de Plouguin, aucune voiture, pas un chat. Tout le monde respecte le confinement, chacun reste chez soi, confiné.

      Alors l’après-midi, en tendant l’oreille, on peut percevoir le ronronnement de quelques timides tondeuses. Après ça, le soir arrive, lentement suivi par la nuit, avant qu’une nouvelle journée ne commence, à moins que ne ce soit la même, avec un numéro différent en guise d’habit.

Tag(s) : #journal de confinement
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