Publié par Yoann

Vivre au Japon

Nous allions, tous les deux nus, avec le paréo blanc et bien à la ceinture, la hache à la main, traversant maintes fois le ruisseau pour profiter d’un bout de sentier que mon guide semblait percevoir par l’odorat plutôt que par la vue, tant les herbes, les feuilles et les fleurs, en s’emparant de l’espace, jetaient sur le sol de splendide confusion.

Noa Noa, Paul GAUGUIN (Journal de Tahiti) - IV "Le conteur parle"

       Premier jour au Japon. J'arrive à l'aéroport avec ma famille, pour l'instant tout est comme je le pensais : ciel bleu, cerisiers en fleurs, et surtout des personnes... de partout.

       Quand nous sommes arrivés à la maison, elle était magnifique. De l'extérieur, on aurait dit un dojo comme dans les animés. Quand on est rentrés, c'était moderne, peut-être trop, tout réagissait à la voix ou la présence, même les toilettes. Mais ça, je le savais déjà, on me l'avait raconté. À notre arrivée là-bas, c'était la fin des vacances, il restait une semaine et les cours reprenaient, alors mes parents m'avaient inscrit dans un lycée, près de chez moi. La semaine passa si vite que je ne pus même pas aller dehors, visiter quoi que ce soit.

       Et nous voilà déjà au premier jour de lycée au Japon. Mes parents m'avaient prévenu que c'était un grand lycée, mais je ne pensais pas qu’il serait si imposant : on aurait dit une fourmilière. De plus, du fait que je suis grand, et que les japonais sont petits, je voyais tout le monde, et tout le monde me regardait. Cela me mit vite en rogne car j'aime bien ma tranquillité. Néanmoins, l’expérience était magnifique, donc je ne vais pas me plaindre.

       Au Japon, quand on arrive dans un lycée, il faut choisir ce que s'appelle un « club », que ce soit de sport, ou autre. Du fait que j'étais grand, beaucoup de clubs de sport m’ont demandé de les rejoindre, comme les clubs de basket ou de volley par exemple, mais un seul m’intéressait : le club de rugby. Une fois trouvé, je pris une feuille d'inscription et je m’inscris. Le lendemain, c'était les tests d'entrée au club de rugby : j'ai été admis sans trop de problème…

       Deux semaines plus tard, ce fut le premier match de l'équipe, remporté haut la main. Comme à son habitude, à chaque victoire l'équipe va aux bains publics pour se relaxer, ce fut mon baptême dans ce genre de bain, et je n'ai pas du tout apprécié.

       Un mois plus tard, je comprends que le Japon n'est définitivement pas pour moi, ou que c'est moi qui ne suis pas fait pour lui, qui sait ? Où que j'aille, tout le monde me regarde, et je le supporte de moins en moins. J'ai la sensation d'être une bête de foire. Tout ce que j’aimais au début, je ne l'aime plus maintenant. En plus, même le rugby n'est plus mon allié car je me suis battu avec des membres de mon équipe, du fait que j'ai pris la place de certains. À cause de cela, nous avons décidé, avec mes parents, de quitter le japon.

Vivre au Japon
Tag(s) : #l'ingénu
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