Publié par Inan & Erwan

« Les ombres du soir descendaient ; le soleil horizontal, passant entre les branches, lui éblouissait les yeux. Çà et là, tout autour d’elle, dans les feuilles ou par terre, des taches lumineuses tremblaient, comme si des colibris, en volant, eussent éparpillé leurs plumes. Le silence était partout ; quelque chose de doux semblait sortir des arbres ; elle sentait son cœur, dont les battements recommençaient, et le sang circuler dans sa chair comme un fleuve de lait. Alors, elle entendit tout au loin, au-delà du bois, sur les autres collines, un cri vague et prolongé, une voix qui se traînait, et elle l’écoutait silencieusement, se mêlant comme une musique aux dernières vibrations de ses nerfs émus. Rodolphe, le cigare aux dents, raccommodait avec son canif une des deux brides cassée.

Ils s’en revinrent à Yonville, par le même chemin. Ils revirent sur la boue les traces de leurs chevaux, côte à côte, et les mêmes buissons, les mêmes cailloux dans l’herbe. Rien autour d’eux n’avait changé ; et pour elle, cependant, quelque chose était survenu de plus considérable que si les montagnes se fussent déplacées. Rodolphe, de temps à autre, se penchait et lui prenait sa main pour la baiser. »

Madame Bovary, Gustave Flaubert, deuxième partie, chapitre IX

© Inan (Merci à Laïmy pour ça participation à l'illustration)

© Inan (Merci à Laïmy pour ça participation à l'illustration)

La première fois que je vous ai rencontré,

Même si je ne vous l’ai pas montré,

J’ai senti un frisson parcourir mes bras.

J’avoue ne pas m’en être préoccupée là-bas.

 

Ces comices, ont été extra grâce à vous,

Mais sans nouvelles, j’ai été déçue de vous.

Pendant des heures, seule, je me suis effondrée

En pensant à vous qui êtes mon être préféré.

 

Quand vous êtes revenu, mon cœur a failli.

J’avoue avoir été un peu attristée

À votre vue, je n’ai pas tardé à retomber

Sous votre charme, ainsi que votre beauté.

 

Je savais que vous étiez un ingénieux,

Mais le coup de maître fut très malicieux.

Proposé une balade à mon tendre mari

Fut une idée très belle qui vous fit amis.

 

Quand nous fûmes partis avec ces beaux chevaux

Je me suis sentie mieux à la vue des corbeaux.

À l’arrivée dans cette forêt, j’ai eu

Une grande joie et je me suis reconnue.

 

Mais le Rodolphe que je connaissais partant,

J’ai vu un homme beaucoup plus entreprenant.

Alors, j’ai laissé à ce joli prétendant,

L’occasion de devenir mon bel amant.

 

Même après la grande peur d’être découverts,

Nous nous sommes revus après nos soupers.

Mais voyant que je commettais un grand péché,

De mon mari je me suis alors rapprochée.

 

Or, malgré l’envie de reprendre le droit chemin,

Il ne faisait rien pour m’aider, tel un gredin.

Il me prouva ce vil propos en échouant,

L’opération qui, pour lui, fut humiliante.

 

C’est pour cela que vers vous je me suis retournée

Vous, Rodolphe, la seule personne que j’aime.

Voulez-vous vous joindre à moi et fuir notre passé

Pour vivre seuls, quitter mon mari phénomène ?

 

Vocabulaire

Gredin : Personne sans morale, ne méritant aucune considération.

 

Tag(s) : #madame bovary, #S4
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