Publié par Noal et Jade
Ce matin là, ma mère me demanda d’aller au marché pour lui ramener du pain. Je n’en n’avais pas envie, en plus de cela une manifestation avait lieu sur la place et je me retrouvais vite bloquée par des femmes et des hommes brandissant des pancartes, de toutes formes et de toutes couleurs. A côté de tous ces habits colorés, mon vieux sweat noir faisait tâche. Rapidement, je vis un petit groupe d’individus se faufilant vers le centre de la place. Le beau temps ne les empêchait pas de porter une cagoule. Je devais rejoindre le marché mais je commençais à entendre des gémissements, suivis de mouvements par des petits groupes. L’ambiance, jusqu’alors calme et sérieuse, changea. Il y avait comme un sentiment de peur planant, que tout le monde essayait d’ignorer.
Soudainement, un bruit assourdissant retentit au loin. Peut être à 500 ou 600 mètres de moi. Les manifestants commencèrent à paniquer, nous ressentions tous la même tension. Un mouvement de foule. Où suis-je ? Avant même de m’en rendre compte, ma tête est déjà à terre. Tout tourne. Je perds mes repères. Au même instant, mon dos est comprimé entre le sol et le poids d’un homme ; le son d’un fusil se fait entendre. Tout de suite, mes oreilles saturent. Les pieds, les cris, le fusil, le feu, les blessés en fuite. Le mort. La peur m’envahit.
L’adrénaline masquait sûrement ma douleur. Je m’en rendis compte quand je réalisai que ce bruit de craquement venait de ma cheville. Je réussis à me lever péniblement, la main tremblante, et fus forcée de constater l’horreur de la situation ; comme un arc-en-ciel qui disparaît, les couleurs s’effacent. Seul reste le rouge vif consumant les pancartes, consumant ma vue. La fumée de l’incendie me brûlait les poumons. Cherchant mes repères dans cette foule ahurie, c’est à ce moment là que je le vis : Thomas.
Sa tête disparut rapidement dans la foule, mais c’était bien lui. Une vague d’hommes s’écoulait sur la place, impossible d’y aller à contre-courant. Ma cheville était certainement en très mauvais état, mais j’étais trop concentrée sur ma tâche pour en ressentir une quelconque souffrance. Je devais le rejoindre. Autour de moi, je ne reconnaissais plus la Grande Place sur laquelle j’étais deux secondes auparavant. Au nord : un incendie ravageait tout. Au sud : un homme armé tirait sur les manifestants. Les secondes passaient tandis que j’essayais de rejoindre Thomas. L’agitation était tellement grande qu’il était difficile de ne pas se faire emporter. A chaque nouveau pas, un nouvel inconnu renversé. A chaque nouveau pas, une nouvelle personne à terre. Soudainement je l’aperçus, au sol, à deux mètres de moi. Tout de suite j’essayai de le relever. Mais ma main n’eut pas le temps de l’atteindre qu’un manifestant en fuite nous sépara de nouveau. A peine quelques secondes après, une nouvelle personne lui plaqua la tête à terre avec son talon. Je tentai d’attraper sa main mais elle glissa et retomba aussitôt.
Le son d’os écrasés parvint à mes oreilles, tandis que Thomas était affalé au sol, sous des inconnus affolés. La foule m’emporta, je dus abandonner l’idée d’essayer de l’aider car le flux d’humains en panique m’emmenait contre mon gré. Peu à peu, je réussis à me rapprocher de chez moi, à la fois soulagée et effrayée. A quelques mètres de ma maison, la porte claqua et ma mère courut vers moi. Ses larmes coulaient sur mon épaule. Je n’arrivais pas à pleurer, j’étais encore sous le choc de ce que j’avais vécu.
Ce soir là, lors du repas, un reportage sur les évènements passa à la télé. Des opposants à la manifestation auraient été les instigateurs de cette folie. Parmi les victimes, seul un m’était familier. Un jeune garçon, mort, piétiné par la foule.
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Les registres - Le registre dramatique - Tête en Lettres
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