Publié par Ewen & Clément

Libre dedans

J'ai fini par ne plus m'ennuyer du tout à partir de l'instant où j'ai appris à me souvenir. J'essayais de ne pas perdre le fil de mon inventaire.

L'étranger, Albert Camus - Chapitre VII

Libre dedans

Meursault incarcéré

          Je viens de finir ma promenade quotidienne qui me fait toujours le plus grand bien. Mais une fois finie la sortie, rester enfermer dans ma cellule m’ennuie, alors j'apprends à me souvenir du bon vieux temps.

          Je repense souvent à l'anniversaire de mes quinze ans, bizarrement je m’en souviens comme si c’était hier. C'est le jour où, pour la première fois, maman m’a offert un cadeau. C’était un vélo vert. Et c'est aussi la seule fois où maman à été fière de moi, la seule dont je me rappelle. Ce jour là, j'étais monté la première fois sur un vélo. Je me souviens, je m’entraînais sur la route au milieu des voitures, c'était très dangereux en y repensant.  Au bout de quatre semaines, j'ai su faire du vélo comme Alfredo Binda, c’était mon idole, une légende du cyclisme. Je n’ai jamais été un enfant gâté, maman ne gagnait pas beaucoup d'argent.

          Je me souviens aussi du jour où pour la première fois maman m'a amené voir  le Géant, l'immense Alfredo Binda. Il était venu à Alger pour faire une course. Je l'ai vu franchir la ligne d'arrivée en premier, cela m'avait  empli de joie. J'avais même pu assister à la conférence de presse. Les journalistes enthousiastes lui posaient plein de questions sur son parcours. C'était un événement important pour moi, et pour la ville, de recevoir un tel athlète.

          Il y a aussi le seul voyage que j'ai fait avec maman. On avait fait vingt kilomètres pour aller dans un camping une  semaine : il n'y avait pas de piscine mais cela m’importait, peu, et on dormait dans une tente. J'étais parti avec maman un été, malheureusement il avait beaucoup plu. Le quatrième jour, je m’étais  fais très mal sur un sentier côtier, j’avais glissé sur un caillou. On avait dû rentrer plus tôt pour aller a l’hôpital.

          BOUM BOUM BOUM – Tiens, voilà le gardien. « Ton dîner est prêt. » C'est le déjeuner, une soupe aux légumes pas fameuse, mais je m'habitue, et ça me tient chaud pour l'hiver. J'ai connu des hivers plus joyeux que ça.

          J'allais souvent avec ma mère à la fête foraine, l'odeur des barbes à papa me mettait dans un état euphorique, je suppliais  maman pour qu'elle en achète, et elle cédait à chaque fois. Puis on allait dans la grande roue faire un tour, pour contempler la vue magnifique sur Alger.

          Le meilleur souvenir auquel je repense souvent, c’est avec Marie, quand nous sommes allés au cinéma voir Fernandel.

         Sentir son parfum c'est ce qui me manque le plus, voir son visage, pouvoir l'embrasser.

          Je vais continuer à penser à elle, allongé. M'endormir en pensant à Marie, c'est encore le mieux.

Tag(s) : #l'étranger
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :