Publié par Blandine

La vie d'un homme dans sa voiture : "sans domicile fixe"

La vie d'un homme dans sa voiture : "sans domicile fixe"

Et ma moitié : c’est une femme…
Une femme que je n’ai pas. /
Mon avenir — Demain… demain /
— Moi, ma route me suit. Sans doute
Elle me suivra n’importe où.

Tristan Corbière, "Paria" : "Les Amours jaunes" (1873)

Ce poème est à considérer comme la suite (IIème partie) du poème "Détresse humaine".

Vous souvenez-vous de moi ?

L'homme devenu une machine humaine

Qui buvait dans les bistrots !

Vous devez vous demander ce que je fais ici

À toujours ressasser le passé !

Eh bien c'est que j'ai besoin de vous raconter :

Mon présent n'est plus comme mon passé

Mon boulot, je l'ai perdu désormais

Et ma gaieté est vite retombée

Pour me plonger dans un désarroi

À ne plus pouvoir en remonter

L'appartement que j'avais loué

Est devenu un simple souvenir

Me remémorer cette ère passée

C'est à cela que se rattachent mes journées

À cause de mes créanciers

À qui je ne peux plus payer de loyer

Dans ma voiture, je me suis réfugié

Seule âme froide qui daigne m’héberger

Ah les tournées de rosée

Que moi-même je payais

Pour mes amis mouchards et chiffonniers !

Tous ceux-là m'ont abandonné

Car plus de régals je ne réglais

Je ne viens plus jamais discuter

De mon travail acharné

Je suis devenu au fil des années

Le mal aimé de la société

Qui cherche en un objet

Tout l'amour que pouvait lui donner

Cette vie de fin de soirée

Mon refuge est devenu ma seule fierté

Comme quoi le monde peut vite basculer

J'en suis la preuve vivante, tout acculée !

 

Tag(s) : #tristan corbière
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