Publié par Emma. T

Ma peau de chagrin

Il décide de se jeter dans la Seine aussitôt que la nuit sera tombée. En attendant le moment fatal, il erre dans Paris "d'un pas mélancolique".

La Peau de Chagrin, Honoré de Balzac

C’est la fin, la fin de ma vie

 

Ce soir je m'avancerai vers toi alors du haut de ce pont, tu m’appelleras, me diras de venir me noyer dans tes longues eaux parisiennes.

Il ne me reste plus qu’une heure à attendre, une heure avant la tombée de la nuit. Je regarderai la Tour Eiffel et alors toute scintillante elle me dira au revoir. 

Depuis un an le sort s’acharne sur moi. Les humains me font bien comprendre que je n’ai plus rien à faire parmi eux ; ces mêmes humains qui sont suspendus à leurs téléphones, ignorant tout de la vie. Ils se permettent de faire des remarques et des leçons à leurs semblables. 

Bref.

Je dois maintenant choisir mon dernier repas. J’ai décidé d’aller au Memphis. Je commande un burger classique avec supplément… me voilà te regardant. Tu es si belle. Tu as l’air douce et fragile. 

Qui es-tu ?

Je vois sur ton badge que tu t’appelles Sarah. Quel beau prénom. Il te va si bien. Tu as de jolies boucles d’oreilles assez fines ; c’est pour rester discrète je suppose. Et ton rouge à lèvres est si naturel qu’il se remarque à peine. 

“Excusez-moi, vous disiez ? ” J’étais perdu dans les recoins de ton visage majestueux. Tu ne me remarques sûrement pas… 

Tu me donnes envie de rester dans ce monde. Serais-tu ma raison de vivre ? 

Je le crois bien, alors ce repas ne sera pas le dernier. 

 

      Je veux tout savoir de toi. 

 

Je me suis mis sur la table face au bar. D’ici je te vois. La façon dont tu passes ta main dans tes cheveux… j’ai envie d’aller te parler mais tu me prendrais pour… un fou. Je ne suis pas un fou, je suis juste fou de toi.

 

Malheureusement j’ai fini mon burger… Je dois partir mais t’inquiète pas Sarah, je t’attends caché derrière la porte de service. Tu devrais finir d’ici deux heures. Qu’il fait froid ! Mais ce n’est pas un problème : je gèlerai pour toi.

Enfin tu as fini. Tu es habillée d’un pantalon ajusté et d’un chemisier trop grand. C’est beau. Et je ne me suis pas trompé : tu ne veux pas attirer l’œil. Mais les miens te suivront. J’ai fait toute la route derrière toi, tu ne l’as pas remarqué. Tu devrais faire attention, il y a des fous dans cette ville. 

Tu habites dans un arrondissement de Paris très chic. Ton appartement est au deuxième étage. D’ici je ne peux rien voir. Je dois partir, te laisser mais je te reviens vite. 

 

Il est sept heures du matin. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Je n’ai fait que penser à toi. Ce matin je vais venir te voir au Memphis et prendre un milkshake. 

Je me suis fait beau pour toi Sarah, j’espère que tu ne le vois pas. Aujourd’hui je m’installe au bar pour être au plus proche de toi. Et tu t’approches de moi, bon… pour me donner ma boisson mais tu as quand même fait des pas vers moi. Alors je dois aussi en faire. Je te demande si tu travailles là à plein temps. Tu me dis que tu es une étudiante en lettres, que tu ne travailles que cinq jours par semaine. 

Ton patron est un vrai tyran : il te rappelle aussitôt. Je sais déjà que je ne l’aime pas. Sarah, il veut nous séparer… ça ne me plaît pas. 

Une fois avoir fini mon milkshake, le meilleur de ma vie. Je paye et te laisse un pourboire ; au dos du ticket de caisse je t’ai écrit :

 

Bonjour Sarah.

Je m’appelle Raphaël Bouché. 

Je souhaiterais vous inviter à un dîner si vous l’acceptez.

Voilà mon numéro : 06 72 46 89 06

Appelez-moi vite. Passez une agréable journée  : )

 

Je suis resté en face du Memphis caché derrière les voitures. J’ai vu toute ta réaction ; tu as fait un grand sourire quand tu as vu mon petit message puis tu as mis le ticket dans la poche de ton tablier. Je suis très heureux. Maintenant j’attends ton appel. 

 

A quatorze heures tu m’as appelé. Tu ne peux pas imaginer à quel point tu m’as rendu fou. Je t’ai proposé un banquet le soir : tu as accepté. J’étais excité. 

Je me prépare pour notre premier rendez-vous. 

A ce soir Sarah. 

 

Tag(s) : #la peau de chagrin
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :