Publié par Inès A. et Emma C.
Un soir d’hiver, les Gros Groins déclarèrent la guerre à mort à leurs voisins les Crêtes Rouges. Entre les fracas d’obus et la charcuterie déjà de sortie dans le froid de Verdun, les Gros Groins se ruaient sur les Crêtes Rouges avec leurs démarches lourdes et maladroites. Les Frêles et Vifs, eux, galopaient de toutes leurs jambes à ergots.
La bataille explosive commença.
Un des Jambons écrasa une mine enfouie dans la neige qui fit valser un Goret dans les airs, dans un feu d’artifice de cochon grillé. Toute la basse-cour reçut sa part de bidoche. La neige se barbouilla d’un rouge écarlate, épaisse confiture sanguine tartinée sur le sol.
Excitée par cette immense pagaille, une abondance de gaillards laissa éclater sa furibarderie, de vraies bêtes en foire ! Un Crête Rouge bondit de tout son corps et explosa comme un popcorn, repeignant Verdun de sang chaud pendant un bon quart d’heure.
Enfin la nouvelle bouffe explosive arriva. Les Crêtes Rouges, sous le coup des flambées décochées, se transformèrent en un champ géant de nuggets de poulets bien croustillants. Cette boucherie était désastreuse. Après ce carnage, de monstrueux engins mécaniques, avec leurs gadins, firent du parterre glacé une immonde bouillie que les Gros Groins ramassaient pleine face la gueule ouverte. De gros bidules hurlants, crachant du feu, déblayèrent toute la zone. Il ne resta plus rien, si ce n’est quelques lambeaux de jambonneaux et de poulailles mal torchés, des restes à réchauffer pour le lendemain.
Le reste des abrutis se rua à nouveau pour participer au festin dans un second assaut, de tous leurs sabots et de toutes leurs pattes. Et rebelote ! Les bestioles affamées devinrent de la chair pilée, mêlée à de la terre boueuse, saisies bien saignantes dans la poêlée campagnarde. Les ballots éventrés sur le plancher glacé, sur leurs cervelles écrabouillées comme les steaks du boucher, furent repus en trois grands coups de couteau. Ils se crêpèrent le chignon de plumes et de gras une bonne fois, comme pour la poire et le dessert. Oh là là ! Quel clafoutis ce cafouillage !
Les Crêtes Rouges fientèrent enfin des missiles de bouse par centaines, comme des oignons sortis tout frais du marché. Tant de macchabées décapités reposaient sur le sol que même les Porcs vinrent se goinfrer. C'était tablée pour tous les Becs, Gueules et Groins, cannibales bienvenus !
Verdun-l’-hécatombe était tapissée de morts, le carnage avalait l'horizon.
Les Groins et les Crêtes étendus, dispersés, émiettés, déjà faisandés dans la neige couverte de sang, il faudrait des mois pour barbecuer tout ça !