Publié par Anthony

Voyons, êtes-vous le genre de la maison ?

Venez-vous pour

Un œil de verre, des fausses dents, des béquilles,

Un corset, un crochet,

Une poitrine ou un entre-jambe en latex,

Des points de suture bien visibles ? Non, non ? Alors

En quoi pouvons-nous vous aider ?

Cessez de pleurer.

Ouvrez la main.

Elle est vide ? Elle est vide. Voici une main

Pour la remplir, une main qui ne demande

Qu'a préparer le thé, soigner la migraine,

Faire tout ce que vous voudrez.

Voulez-vous l'épouser ?

C'est garanti à vie,

Elle vous fermera les yeux le moment venu

Puis le chagrin la désintègrera.

Nous renouvelons nos stocks régulièrement.

Mais ma parole vous êtes complètement nu.

Comment trouvez-vous ce costume

– Il est sombre, un peu austère mais il tombe bien.

Voulez-vous l'épouser ?

Il est étanche, il résiste aux chocs, il résiste

Au feu, il résiste aux bombes.

Croyez-moi, on vous enterrera dedans.

Et il y a votre tête, excusez-moi, mais elle est vide aussi.

Je m'en vais vous arranger cela.

Par ici, mon chou, sors de ton placard.

Alors, qu'est-ce que vous dites de ça ?

C'est nu comme du papier pour l'instant mais attendez.

Dans vingt-cinq ans ce sera de l'argent,

Dans cinquante ans, de l'or.

Une vraie poupée vivante vous pouvez vérifier.

Ça coud, ça fait à manger,

Et ça parle. Et ça parle. Et ça parle.

Ça marche, regardez, il ne lui manque rien.

Vous avez un trou, c'est une ventouse.

Vous avez un œil, c'est une image.

Mon garçon, c'est votre dernière chance.

Allez-vous l'épouser ? Alors, vous l'épouser ?

« Le candidat », Sylvia Plath, Ariel (1963)

© Anthony

Notre mise en scène exprime l'idée de la présentation de surface avec une forme de « tapis rouge » et un ensemble de bijoux au poids excessif enfilé par une forme humaine sans visage, illustrant l'idée de pantin vide qui ne montre qu'une image de statue, vendant un modèle à suivre. Il y a également l'idée secondaire de questionner la possibilité de modifier la société des standards et des attentes.

 

Le patron, les normes : un modèle ? quel modèle ?

 

Voyons... Êtes-vous du genre à naviguer les hautes mers de goudron ? dans cette société qui ne cesse de pousser à l'ambition dévorante, où la pensée se meurt ?

Venez-vous pour les diplômes ? les qualificatifs ? l'illusion du pouvoir ? un souffle de simplicité ? avec des épaules lourdes, une tête vide, dans cette course effrénée dépassants nos simples esprits ?

Cessez de rêvasser, ouvrez les yeux, car le mythe méritocratique risque de vous rendre bien creux. Dans cette main tendue, la promesse de richesses, mais au final, c'est une illusion dévorante, une détresse qui chante !

Les moins préparés, pris dans la frénésie de la haine parfois misogyne, aliénés, xénophobes, déraillés dans la course haletante, sont empoisonnés de pensées ayant dépassé leur date de putréfaction.

Le costume de la réussite, encombrant et simplet, mais résistant aux doutes, aux contradictions, et même à la bien dure réalité !, est une illusion cependant bien difficile à conserver.

Dans ce modèle de production mourant, façonné par la cupidité, l'ordre de la main invisible moque, déforme, exploite, cannibalise sans pitié. Mais derrière cette façade, une détresse cachée, les contradictions d'un système suicidaire, une spirale autophagique bancale, dérégulée !

La recherche de l'argent peut vous dépecer, au prix de votre santé, de vos convictions, de vos pensées, de ce qui fait la différence.

Mais, avons-nous même une alternative au statu-quo ? Il est facile de décrier les échecs collectifs, mais sommes-nous vraiment prêts à réaliser les changements nécessaires ? Ou serons-nous poussés vers le chemin de l'enfer, dans une chute de la falaise causée par une boussole périmée ?

Alors, quelle est votre véritable ambition ? À quoi êtes-vous vraiment candidat ?

 

Tag(s) : #sylvia plath, #polémique, #1G2
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