Publié par Alexandre et Ewen

L'horreur de la guerre

           Le 19 Juillet 1942, je reçois un appel de mon supérieur, le général Friedrich Paulus, qui m'informe que l'armée rouge attaque nos forces armées présentes à Stalingrad. J'ai pour ordre de m'y rendre au plus vite avec mes unités afin de redresser la situation sur place.

         Le 25 Juillet 1942, nous arrivons à Stalingrad et constatons que les Russes n'ont cessé de progresser dans la ville. Nous rejoignons les unités déjà sur place et installons notre artillerie, mines anti-chars, bombes et toutes sortes de canons. Le lendemain, je participe à mes premiers combats. En un seul jour, nous avons déjà perdu 10 hommes. J'ai donc vite compris que cette bataille allait être rude et sanglante devant la détermination et l'efficacité sans faille des soldats Russes. Dix jours plus tard, ce sont plus de 100 soldats de la Wehrmacht qui tombent aux combats. Chaque jour, je vois mes frères d'armes mourir devant mes yeux, je comprends que mon tour viendra, c'est inévitable, il n'y aucune autre issue.

         Deux mois plus tard, les affrontements ont baissé d'intensité, il y a moins de chars, mitraillettes et bombardements. En revanche, le nombre de snipers a été triplé en quelques jours. Nous trouvons étrange ce changement de mode opératoire car les Russes dominaient de A à Z les combats rapprochés. Malgré ce changement, nous continuons sans cesse à perdre des hommes. En deux mois, les snipers et soldats Russes ont tué plus de 700 de nos soldats. Je crains de plus en plus de faire partie de cette longue liste qui ne s'arrête plus de grandir.

         Arrivés au quatrième mois d'affrontements, nous sommes complètement encerclés par l'armée rouge. Petit à petit, les rations de nourriture diminuent jusqu’à avoir seulement une mie de pain aussi large qu'une balle en guise de repas du jour. Mes soldats et moi devenons de plus en plus faibles à cause de la fatigue et du manque de nourriture. En revanche, les Russes, eux, sont comme surhumains. Nuit et jour, ils ne cessent de nous attaquer. Mes compagnons et moi savons que nous ne nous en sortirons pas vivants. Essayer de nous battre ? Pour quoi faire ?! Survivre ? À quoi bon ?! La mort ne va pas nous épargner, mais notre Führer ne veut pas en savoir un mot. Il nous ordonne de ne pas bouger. Nous comprenons que nous sommes les sacrifiés.

         Un mois s'est écoulé et je ne sais pas comment je fais pour rester en vie. Les Russes ont bloqué tous les accès autour de Stalingrad et nous n'avons plus de rations de nourriture. Désormais, nous mangeons les cadavres de nos coéquipiers, les chats mais aussi de la colle. Nous sommes contraints de boire notre urine en guise de seule boisson. En un mois, ce sont cinquante de mes hommes qui sont morts de faim.

         Deux semaines plus tard, je ne peux plus tenir. Cela fait cinq mois et demi que mon corps ne cesse chaque jour de souffrir, souffrir et encore souffrir. Je ne parle même pas de mon état psychologique qui, je pense, est dans un état pire que mon corps. Ce même jour à 10h05, un de nos officiers chargé des écoutes radio, a intercepté un appel venant du camp ennemi qui disait qu'aujourd'hui allait avoir lieu l'ultime offensive. Celle qui a pour but de reprendre une bonne fois pour toute Stalingrad. Il est maintenant 11h16 et du haut d'une maison nous voyons, d'une vision horrifiée, la mort venir nous chercher. Ce sont plus de 100 chars, 5000 soldats et 1000 mitrailleuses qui se dirigent vers nous. Nous comprenons tous qu'il ne sert à rien de vouloir lutter. C'est dans une énorme tristesse que nous nous disons au revoir. Chacun se sert la main. Pour nous, il est inconcevable de tomber vivants aux mains de l'ennemi. C'est avec résolution que nous nous suicidons l'un après l'autre. Je suis le dernier vivant. Je vois tous mes coéquipiers morts à coté de moi. Dans un ultime geste, je prends ma grenade, inspire une dernière fois, la dégoupille et ferme les yeux à jamais.

         Ce carnet de guerre que vous avez trouvé dans un coffre fort au rez-de-chaussée de la maison a été achevé juste avant ma mort. Je l'ai écrit afin que l'on puisse savoir comment cette terrible bataille s'est déroulée. Ce carnet tout comme cette phrase sont mon ultime salut.

Hans Fiechder

Tag(s) : #tragique, #S1
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