Publié par Erwan L.P. et Alexandre C.
Au cirque Medrano le spectacle commença. La lumière des projecteurs éclairait un ours au corps gras, au visage boursoufflé, et à la barbe proéminente. « Bienvenus Mesdames et Messieurs au cirque Medrano, le plus grand d'Europe, aboya-t-il. Nous allons ouvrir le bal avec, pour premier spectacle, un numéro de trapézistes ! »
Des singes se balançaient et grimpaient tels des babouins de branche en branche, et quand ils tombaient on aurait dit des poissons pris au piège dans le filet de sécurité !
Un vieillard obèse, accompagné de deux pachydermes, tout aussi âgés et volumineux que lui, eut un mal de chien à escalader le dos abrupt de l'éléphant, à la peau aussi ridée et pleine de plis que le vieux gâteux qui dirigeait le cirque.
Ce fut au tour des clowns aux costumes loufoques et hauts en couleur d’entrer sur scène. Ils avaient l’air simplet et ringard. Ils se roulaient par terre, couraient, sautaient, criaient : de vraies bêtes de foire qui avaient comme job de faire rire les grossiers personnages affalés sur leurs sièges, qui avaient payé pour se désennuyer. Les plaisantins maquillés, aux nez démesurés tel l’ego d’un dirigeant politique, se retirèrent et laissèrent place à une cage.
À l’intérieur de cette cage se trouvait un vautour bipède et fouettard au regard mal intentionné, sournois, comme ma voisine un jour de marché durant les soldes. Autour de lui, des félins restaient de marbre sur leur perchoir. Le charognard, muni de cuir, fit tournoyer son fouet, tel un lasso, qui s’abattit sur les fauves ! Des grognements de rage et faim mêlées retentirent dans le cirque, le saltimbanque était une vache qui de sa queue envoyait les parasites valdinguer. Les gorets installés, bien à l’aise, s’esclaffaient et tapaient de leurs sabots le sol poussiéreux. Ces idiots applaudissaient les volées que ramassaient les fauves prêts à faire du steak tartare de la face de rat qui leur giclait le cuir à la gueule.
Le spectacle terminé, des gorilles entrèrent sur un ring préalablement installé. La lutte fut d'une violence spectaculaire : canines et crocs sortis, les bêtes se décollaient des calottes et une pluie de coups sonores, une vraie parade de croquignoles ! Les gaillards aux muscles saillants furent interrompus part une meute d’ivrognes qui se faufilèrent dans l’arène. Les soiffards provoquèrent les buffles trapus et firent monter l’excitation dans la salle. La rixe fit trembler le chapiteau qui, en peu de temps, fut remplie d’hommes et de bêtes, de bêtes et de bouts d’hommes, dont on ne savait plus qui était quoi, ni quel morceau revenait à quel membre ! L’instinct sauvage hurlant avaient pris le dessus sous le chapiteau. L’échauffourée était totale dans le sens dessus dessous général : c'était la panique dans la basse-cour ! Les coups de becs, de crocs, de griffes, lacéraient de la viande qui volait et collait à la tente maculée du rouge du sang de toutes les espèces de la terre ! Les gros chats d’égouts feulaient contre les porcins qui les écrasaient de leurs derrières éléphantesques.
L’hécatombe fut magnifique : quel spectacle !