Publié par Titouan & Ivan

Ce qui aurait pu arriver à notre héros sans l'intervention de la Providence © Titouan M.

Ce qui aurait pu arriver à notre héros sans l'intervention de la Providence © Titouan M.

« Horreur ! J’ai perdu mes clés ! »

Voilà ce que j’ai à peu près dit (quelle vulgarité…) alors qu’il était 7 heures 40, et que je devais arriver à 8 heures au lycée. Pendant que je cherchais mes clés, paniqué, ma mère au rez-de-chaussée n’arrêtait pas de me répéter : « Titouan, tu vas être en retard », avec la régularité d’un coucou suisse, les décibels en plus. Je descendis, et ma mère me fit subir l’interrogatoire habituel : « Tu as ta montre ? », « Tu t’es brossé les dents ? », « Tu as tes clés ? ». Enfer et damnation que cette confession perpétuelle…

Dilemme : je savais que si je disais la vérité, je risquais une explosion nucléaire maternelle, mais si je ne disais pas la vérité, et qu’elle le découvrait, là j’aurais droit à deux déflagrations. Je choisis la vérité et comme prévu une Tsar Bomba explosa. Malgré mon gel coiffant Titane for Man Fixation Béton, je partis donc tout à fait décoiffé au lycée. Jean-Louis Dafix a tout prévu dans son gel, sauf ma mère. Il était 7 heures 45. Ma mère me prévint de sa voix douce : « Prends ton blouson, il va pleuvoir. »

Je courus aussi vite que je pus. Arrivé au lycée, j’étais cramoisi et totalement asphyxié. 7 heures 55, je sprinte. Avec un peu de chance, le professeur sera encore en train de faire l’appel. Je pousse tout le monde sur mon passage comme si ma vie en dépendait. Ma main s’approche de la poignée de la salle de cours. Je reprends mon souffle mais les chiffres sur la porte dansent devant mes yeux à cause du manque d’oxygène : salle 201 ? 477 ? En fait, non, c’est la salle 3. Je ferais peut-être mieux d’aller à l’infirmerie ? Je repars.

Enfin, la salle 201 ! Je regarde ma montre : Horrreeeur ! Huit heures passées de quelques secondes. J’ouvre la porte. Trop tard : tel Lucky Luke, le professeur, monsieur Prunier, dégaina plus vite que son ombre :

« Monsieur Mouron, après l’heure, ce n’est plus l’heure. Allez chercher un billet de retard !

-  Mais…

- La Règle, c’est la Rèèèèègle ! », bêla Prunier. Je descendis alors à la vie scolaire et le temps que je revienne, j’avais 10 bonnes minutes de retard. La meilleure des journées commençait.

Après de longues heures de cours douloureuses, je fus finalement libéré à midi pour manger. Je décidai de rentrer chez moi pour me sustenter avec un bon steak frites et du ketchup. Comme prévu, la pluie se mit soudain à tomber. Peu importe, la maison était en vue. Ce n’est qu’arrivé à la porte que la mémoire me revint : j’étais parti sans clés ! J’espérai que le loquet soit accessible de l’intérieur, en glissant la main dans la fente de la boîte aux lettres. Petit, je réussissais à le faire. Je mis aussitôt mon plan à exécution. Ma main resta bloquée, sans pour autant parvenir à toucher le loquet. J’avais grandi, et ma main aussi !

Je tentai de retirer ma main plusieurs fois sans succès. J’étais sous la pluie, j’avais le ventre vide, je me sentais déjà enrhumé et j’étais prisonnier de ma propre boîte aux lettres. Alors que personne ne venait m’aider, la folie commença à prendre possession de tout mon être incarcéré : j’imaginais que je pourrais casser la porte afin de me libérer. Je donnai un grand coup de pied, et bilan des courses, je ne réussis qu’à me faire mal. Blessé physiquement comme dans mon amour propre, je cherchai une autre solution. Désespéré, j’envisageai un instant de manger mon bras bloqué, comme un renard pris dans un piège, afin de me sauver, et de me nourrir. C’est alors qu’une vielle dame avec des lunettes, en cul-de-bouteille, s’arrêta devant moi, haussa les épaules et repartit comme si de rien n’était. J’imaginai que la vieille femme avait peut-être cru que j’étais un cambrioleur et qu’elle allait appeler la police. Ils allaient débarquer dans un crissement de pneus, m’arrêter et me faire subir un interrogatoire musclé. Encore un. Je m’y voyais déjà : les manches retroussées des malabars, la lumière dans les yeux, les mégots qui fument dans le cendrier qui déborde, et le fameux annuaire qui allait très probablement devenir la main humaine la plus caressante jamais croisée.

C’est alors que j’entendis un « clic ». C’était le bracelet de ma montre qui s’était détaché, libérant ma main. Trop facile !  

DONG, DONG ! C’est le clocher ! Il sonne quatorze heures et j’ai encore cours avec monsieur Prunier ! Suis-je prisonnier d’une boucle temporelle ? Est-ce le jour de la marmotte ? Cette fois, j’arrive franchement en retard dans la salle de Prunier. Sans lui laisser le temps de protester, je lance : « Alors là… Vous allez rire ! »

Tag(s) : #comique, #S1
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