Publié par Tabatha
« Je peux réellement affronter ton image, ta « semblance », comme on disait autrefois, difficilement mais je le peux.
Dispersées entre les lumières, tes ombres.
Compté de lieu en lieu : murs, tiroirs, ce livre :
Tes lettres.
Ton écriture, et frappe : canadienne.
Ta langue double. Vue.
Mais je ne suis pas parvenu à réentendre ta voix : les cassettes du magnétophone, toutes ces heures, dites les nuits, les derniers mois.
Les autres traces, venues des autres sens, ne sont qu'en moi. Quand je trébuche dessus, j'étouffe. »
Quelque chose noir (1986), Jacques Roubaud
« Je peux affronter ton image » (p.34)
C'est étrange comme le silence peut parfois résonner fort.
Tout comme le bruissement de ta voix que me rappelle le vent d'hiver, ces souvenirs qui se floutent de plus en plus chaque matin.
Tout comme ces longs couloirs qui n'en finissent pas, où je sais que personne ne m'attend au bout.
J'aimerais crier ton nom et que tu me répondes de ta voix reconnaissable entre mille, mais n'y répondent que mes échos tremblants, que me renvoie le vide.
Atone, mon cœur ne semble plus battre, il se languit depuis ton absence, si longue, si rance et monotone.
Aphone, je n'ai plus la force ni le courage de te dire que la vie est fade sans ton sourire.
Les miroirs me narguent, moi qui aimais tant mon reflet dans ton regard.
Quand tes yeux se sont clos, ce sont toutes les lumières autour de moi qui se sont éteintes.
Des souvenirs, voilà ce qu'il me reste, comme ceux de nos éclats de rire, gravés dans un coin de ma tête.
Ma tête dont l'esprit, autrefois, retentissait de bonheur, celui d'être ensemble, tout simplement à deux.
– Les stigmates de ces instants bénis, quand j'y pense en fermant les yeux –.
Il ne reste que l'ombre de ces moments de douceurs qui, brutalement, se sont changés en tristesse.
C'est étrange comme le silence peut résonner aussi fort.
Il ne sera jamais aussi fort que ta douloureuse absence.
Aussi fort et douloureux que de me rappeler toi.