Tant d'amour pour Emma

Publié par Bleuenn

« Charles attacha son cheval à un arbre. Il courut se mettre dans le sentier ; il attendit. Une demi-heure se passa, puis il compta dix-neuf minutes à sa montre. Tout à coup un bruit se fit contre le mur ; l’auvent s’était rabattu, la cliquette tremblait encore.

Le lendemain, dès neuf heures, il était à la ferme. Emma rougit quand il entra, tout en s’efforçant de rire un peu, par contenance. Le père Rouault embrassa son futur gendre. On remit à causer des arrangements d’intérêt ; on avait, d’ailleurs, du temps devant soi, puisque le mariage ne pouvait décemment avoir lieu avant la fin du deuil de Charles, c’est-à-dire vers le printemps de l’année prochaine.

L’hiver se passa dans cette attente. M^lle Rouault s’occupa de son trousseau. Une partie en fut commandée à Rouen, et elle se confectionna des chemises et des bonnets de nuit, d’après des dessins de modes qu’elle emprunta. Dans les visites que Charles faisait à la ferme, on causait des préparatifs de la noce, on se demandait dans quel appartement se donnerait le dîner ; on rêvait à la quantité de plats qu’il faudrait et quelles seraient les entrées.

Emma eût, au contraire, désiré se marier à minuit, aux flambeaux ; mais le père Rouault ne comprit rien à cette idée. Il y eut donc une noce, où vinrent quarante-trois personnes, où l’on resta seize heures à table, qui recommença le lendemain et quelque peu les jours suivants. »

Madame Bovary, Flaubert - Première partie, Chapitre 3

Chère Emma,

      Je désire faire tant de choses avec vous, profiter de chaque moment en votre compagnie. Je les apprécie beaucoup, ils sont si précieux. J'aimerais faire des balades à cheval dans le bourg ou dans les terres comme vous préféreriez. Pour ma part, la balade dans les terres me convient parfaitement, elle nous permettrait de savourer ce moment que je pense magique. Ou bien visiter un musée : des patients m'ont fait part d'un musée très intéressant, celui des Beaux-Arts et de la dentelle, je suis sûr que ces œuvres, ces dentelles et ces majestueuses robes vous feront rêver.   

Cet été, j'ai enfin compris ce que je ressentais pour vous, vous occupez toutes mes pensées, j'ai pris du temps pour interpréter tout cela. Toutes mes pensées reviennent toujours à vous. J'aime tout chez vous, votre rêverie, toujours la tête dans les nuages, vous êtes belle et élégante. Je veux qu'il ne vous arrive que du bien, j'aime être en votre compagnie. Ces temps-ci j'ai réfléchi à tant de choses, le deuil de ma première femme, et les sentiments qui se créent pour vous. Ces pensées me font me poser des milliers de questions. Je souhaite faire des activités avec vous plusieurs fois par mois pour que vos journées soient attrayantes et que nous soyons débordants de bonheur suite à cela. J'aimerais que dans les quelques mois qui viennent nous allions en ville, peut-être faire des trouvailles, mais aussi trouver la robe de votre vie si vous le voulez bien. Je suis bien en train de vous demander votre main. Avec vous je suis épanoui et heureux, j'ai le besoin de passer le plus de temps avec vous tant que la vie me le permet.

J'attends votre réponse d'ici les quatre semaines qui viennent, je suis tellement impatient de vous revoir et de recevoir votre réponse qui, je l'espère, sera favorable à mes vœux. Je nous imagine, moi allant au travail, vous vous occupant des enfants dans une jolie maison que nous aurons achetée, et nos enfants, eux, apprendront dès le jeune âge avec un professeur particulier qui leur permettra d'être bien éduqués et intelligents. J'attends avec confiance l’expression de votre envie sur tout cela.

Veuillez recevoir mes plus affectueuses salutations,  

Votre dévoué,

                       Charles Bovary