Publié par Lukyan

Je suis la pipe d’un auteur ;
On voit, à contempler ma mine
D’Abyssinienne ou de Cafrine,
Que mon maître est un grand fumeur.


Quand il est comblé de douleur,
Je fume comme la chaumine
Où se prépare la cuisine
Pour le retour du laboureur.


J’enlace et je berce son âme
Dans le réseau mobile et bleu
Qui monte de ma bouche en feu,


Et je roule un puissant dictame
Qui charme son cœur et guérit
De ses fatigues son esprit.

Charles Baudelaire, La Pipe, Les Fleurs du mal (1857)

 Elle embaume le coeur © Lukyan

 

L’objet du bonheur

 

La pipe se compose d'un fourneau

Sur lequel on a fixé un tuyau.

Les premières pipes fabriquées en terre

Sont depuis confectionnées en bruyère.

 

Leurs finitions peuvent être mates ou sablées,

Leurs formes peuvent être longues ou courbées,

Mais plus leur foyer est d'aspect veineux,

Plus son propriétaire nous paraît vieux.

 

Surtout son foyer en écume de mer

Tout de suite nous montre son fort caractère

Et les volutes de fumées montantes

Sont pour le fumeur très apaisantes.

 

Peu importe ce que contient le foyer,

Du tabac, de l'herbe, des fleurs d'orchidées ;

Son but, guérison et soin de l'âme,

Permet de faire des rêves sans drame.

 

La pipe soulage les maux et douleurs

Et ne laisse derrière elle que du bonheur,

Comme un pansement sur une plaie meurtrie

Qui soulage les noirceurs de la vie.

 

Tag(s) : #fleurs du mal, #1G4
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