Publié par Violette

Rue des Tournelles. J'admire la Boucherie du Génie. D'un peu plus loin montent par rafales comme des accents de tango. Et à mesure que j'avance au milieu de la chaussée déserte, en effet ce vieux rythme opiniâtre et la mélodie se font précis, et j'arrive à hauteur d'un café où je ne distingue personne, sauf le long du comptoir un monsieur et une dame entre deux âges, qui dansent avec faveur mais componction, presque submergés par l'immensité de ce dimanche. Et moi je poursuis mon chemin, le nez en l'air, que des nuages d'ardoise se déchirent, il va pleuvoir, la lumière qui l'annonce palpe les toits et les arbres soudain volumineux et proches, comme un aveugles n'oubliant rien.

Jacques Réda, Les Ruines de Paris (1977)

 

Le parc des Buttes-Chaumont, Paris 19ème © Violette

 

Une journée brumeuse

 

Fin d'après-midi, j’arrive au parc des Buttes-Chaumont. Par un temps brumeux et gris le parc est désert, je n'aperçois qu'une seule personne, ce qui change de la foule des beaux jours. En cette fin d'octobre, les couleurs vives et colorées des fleurs et des arbres touffus de vert éclatant ont laissé place aux couleurs automnales et aux branches nues. Les feuilles orange, humides et glissantes par la couche brillante qu'a laissée la pluie, tombent petit à petit à chaque coup de vent. Elles viennent recouvrir le sol ou se poser sur l'eau calme du miroir du lac, au-dessus duquel le seul homme présent, vêtu de noir, prend en photo son reflet. L'odeur qu'a laissée la pluie est agréable et le silence qui règne dans le parc vide est reposant. Je m'assois sur un vieux banc en bois près du lac et regarde ce que le parc m'offre. Les feuilles du platane à côté duquel je me trouve laissent tomber quelques gouttes. La nuit qui tombe tôt commence à faire entrer Paris dans l'obscurité. 

 

Tag(s) : #jacques réda, #1G2
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