Publié par Lény
Sous les ifs noirs qui les abritent,
Les hiboux se tiennent rangés,
Ainsi que des dieux étrangers,
Dardant leur œil rouge. Ils méditent.
Sans remuer ils se tiendront
Jusqu’à l’heure mélancolique
Où, poussant le soleil oblique,
Les ténèbres s’établiront.
Leur attitude au sage enseigne
Qu’il faut en ce monde qu’il craigne
Le tumulte et le mouvement ;
L’homme ivre d’une ombre qui passe
Porte toujours le châtiment
D’avoir voulu changer de place.
Charles Baudelaire, « Les hiboux », Les Fleurs du mal (1857)
Source : Les Fables de La Fontaine. Édition PICCOLIA
Ô Corbeau
Sous ton air charmeur et observateur,
Tu te dresses au sommet des montagnes,
Ainsi tu peux t'adresser aux Dieux avec rigueur
Et dénoncer la terre et sa misère.
Animal mythique, mais aussi sombre ou morose,
Tu deviens alors le messager d’Hadès
Virevoltant des cieux féériques aux enfers sataniques, tel un virtuose,
Tu permets aux Créateurs de contenir la Terre !
Ton pelage et tes yeux sont tout aussi noirs,
Difficile de les différencier, à l’extérieur assombri.
Que dire de ta grandeur d'âme lumineuse, que seul tu peux avoir ?
Mais ton fardeau de messager t’a tellement alourdi !