Publié par Sofiane
Étonnants voyageurs ! quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers.
Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !
Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons,
Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.
Dites, qu’avez-vous vu ? […]
Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !
Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ?
Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau !
Charles Baudelaire, « Le Voyage », Les Fleurs du mal (1857)
Le désir d’évasion transfigure le monde en rêve © Sofiane
Ce récit débute dans le monde éveillé
Un monde où règnent travail, amour, guerres et conflits
Un monde perdu que les humains s'entêtent à penser
Ne sachant point la vie que l'on mène chaque nuit
Où, tous persuadés que cette vie est insignifiante,
Nous plongeons littéralement tels des nageurs
Dans une infinité si profonde et stupéfiante
Qu’apparaît un Royaume rempli de rêves et de bonheur !
Dans ce poème, j'ai voulu dépeindre le fantasme du voyage, thème récurrent des Fleurs du mal. Dans son recueil, Baudelaire rêve d'un ailleurs, il est en quête d'un monde lointain - l'Idéal - auquel on accède par exemple par le souvenir ou la rêverie.