Publié par Frahaza

Mort réelle et constante

À la lumière. je constatai ton irréalité. elle émettait des monstres. et de l'absence.
L'aiguille de ta montre continuait à bouger. dans ta perte du temps je me trouvais tout entier inclus.
C'était le dernier moment où nous serions seuls.
C'était le dernier moment où nous serions.
Le morceau de ciel. désormais. m'était dévolu. d'où tu tirais les nuages. et y croire.
Ta chevelure s'était noircie absolument.
Ta bouche s'était fermée absolument.
Tes yeux avaient buté sur la vue.
J'étais entré dans une nuit qui avait un bord. au-delà de laquelle il n'y aurait rien.

Jacques Roubaud, Quelque chose noir (1986)

* L’absence de majuscule après un point est un choix typographique de Jacques Roubaud.

 

Aujourd'hui je vis, demain je nais, hier m'a tuée © Frahaza

 

Je suis allongée, au milieu de cette pièce vide 

car tu n'es plus là, mon corps baigne dans la douleur, cette douleur 

inconnue qui parcours le long de mon corps 

Cette douce odeur qui caresse mes narines me rappellent l'odeur de ton joli

corps qui écrase le mien, ton corps nu, ton corps délicieux que jadis j'ai tant désiré

je ne peux plus savouré ton délicieux corps car tu n'es plus là

 

Où es-tu mon amour ?

 

Pourquoi ne te vois-je plus dans cette pièce devenue vide ?

les heures paraissent plus longues, les journées sont une éternité, les mois des siècles

car tu n'es plus là, tu n'es plus dans ce bas monde devenu si sombre

tes mains posées sur ma poitrine, tes lèvres posées sur mes lèvres

tes yeux qui dévorent mon corps

où sont-ils ?

 

Où es-tu mon amour ? 

 

tes cheveux sont encore accrochés dans cette brosse laissée dans la salle de bain 

tes chaussures laissées à l'entrée, ton odeur encore dans cette pièce

tes vêtements sont dans l'armoire, ton manteau accroché sur le porte-manteau 

j'ai encore le goût de tes lèvres, le goût de ton corps

je me rappelle encore de mes mains prises dans tes cheveux noirs

de mon corps

écrasé par ton corps

 

Pourquoi es-tu parti ?

 

Les battements de ton cœur pourquoi je ne les sens plus ?

Le silence dans cette pièce, le vent qui me berce les oreilles, les rayons des soleils caressant ma peau

 

Qui suis-je ? Que suis-je devenue sans toi mon amour? Que vais- je devenir? 

 

Affaiblie par ta perte, suis-je assez forte pour surmonter cela ?

Mon corps ne pourrait accepter d'autres mains

Je ne pourrais accepter d’autre que ton odeur, ton goût

et le toucher de toi

 

Un monde sans toi est un monde sans vie

Cette voix, cette douce mélodie, que je n'entendrai plus 

 

Où es-tu mon amour?

 

Pourquoi ne te vois-je plus dans cette pièce? Cette pièce devenue si vide si calme

La seule chose qui me reste de toi mon amour c'est cette pièce

Lorsque je vois cette pièce je repense à nos baisers langoureux, à cette nuit

cette nuit qui ne se finissait point, car tu étais là à côté de mon corps nu

Nous étions nus allongés

sur les draps en satin rouge émeraude

Je ne te reverrai plus, je ne t'entendrai plus, je ne te sentirai plus

Te reverrai-je dans une vie lointaine?

Pourquoi n'es-tu plus là ?

Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? 

Le seul mot qui sort de ma bouche

Pourquoi ? 

 

Ta présence n'est plus là mais ton amour est toujours là

Cette pièce est vide, elle sera maintenant habitée par la solitude 

la solitude, l'angoisse, la tristesse, l'ennui, la pénombre

 

Que restera-t-il de toi mon amour ? 

Mon cœur saigne de cette solitude

Aujourd'hui je vis

demain je nais

hier m'a tuée.

 

Tag(s) : #jacques roubaud, #1G2
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