Publié par Mohamed

I

On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
— Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
— On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, — la ville n’est pas loin, —
A des parfums de vigne et des parfums de bière…

II

— Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche…


Nuit de juin ! Dix-sept ans ! — On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête…
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête… […]

Arthur Rimbaud, « Roman », Cahier de Douai, 1870

Le symbole de l’amour © Mohamed

 

À dix-sept ans, l'amour est la prison

 

On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans, c'est certain ;

L'amour est telle une prison, où le désir retient ;

Les couples captifs se cherchent, s'égarent, se lamentent,

Barreaux à l'horizon, leur destin les tourmente !

 

La passion enchaînée, l'ouïe souffre, on le sait,

On n'est pas sages à dix-sept ans, triste constat,

Quand les rêves en silence se fanent, c'est un fait ;

À la vue des illusions l’horizon devient combat !

 

Le goût amer des roses, fausses et dépeintes,

Sous le voile des leurres, le toucher alors se plaint ;

Promesses enchaînées, mensonges qui nous freinent,

Les flammes de l'amour seront toujours feintes !

 

Le noir de la passion cache la lumière éteinte,

L'amour, geôlier des âmes, est tragédie contrainte ;

On n'est pas sérieux quand a dix-sept ans, on le ressent,

Les cœurs enchaînés brisent leurs douces chaînes, en avant !

 

Des ballades d'amour, telles les plaintes des prisonniers,

Sous un ciel de promesses, les cœurs se perdent, noyés ;

Chaque pas, un grincement dans l'obscurité, désespoir,

Amour ou captivité, une danse lugubre dans le noir !

 

La routine d'un couple, monotone danse de l'amour,

Comme un être confiné, en cellule chaque jour ;

Les heures s'enchaînent, répétition d'une vie figée,

Les rêves perdus dans l'ennui s'emmêlent, tout froissés !

 

On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans, on danse,

L'amour est telle une prison où le désir balance ;

Barreaux à l'horizon, l'âme pleure en transe,

Dans cette danse cruelle, on ignore l'évidence !

 

Tag(s) : #cahier de douai, #1MG3
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