Publié par Kaïs

Lui — Ta poitrine sur ma poitrine,
Hein ? nous irions,
Ayant de l’air plein la narine,

Aux frais rayons


Du bon matin bleu, qui vous baigne
Du vin de jour ?…
Quand tout le bois frissonnant saigne

Muet d’amour


De chaque branche, gouttes vertes,
Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes

Frémir des chairs :


Tu plongerais dans la luzerne
Ton blanc peignoir,
Rosant à l’air ce bleu qui cerne

Ton grand œil noir,


Amoureuse de la campagne,
Semant partout,
Comme une mousse de Champagne,

Ton rire fou […]

Arthur Rimbaud, « Les Reparties de Nina », Cahier de Douai, 1870

          Rimbaud découvre l'amour en invitant une jeune fille à venir chez lui. Il fait l'éloge de la vie à la campagne, dans les fermes où sent bon le lait chaud. Hélas, son interlocutrice est beaucoup moins romantique et, prosaïquement, en quelques mots rejette son invitation attendrissante, pour un motif matérialiste.

Le refus de Nina © Kaïs

 

Sous le ciel étoilé rêvant d'aventure,

Si tes pas m'accompagnent, Nina (murmures)…

Si les étoiles veulent ce doux voyage,

Seras-tu, chère Nina, mon doux mirage ?

 

Le vent chuchote, espérant un « peut-être »,

Si ton cœur hésite, la danse peut-être ?

Si l'instant dévoile notre chemin,

Serons-nous, Nina, main dans la main ?

 

(Silence brisé) Nina sourit, sincère ;

Alors, amis... dans la réalité amère ?

Ton rêve s'efface, l'étoile reste muette,

Dans ce voyage, seul, ta quête s'arrête.

 

Tag(s) : #cahier de douai, #1MG3
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