Publié par Tatiana
Tu t'en vas sans moi, ma vie.
Tu roules.
Et moi j'attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.
Je ne t'ai jamais suivie.
Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l'apportes.
À cause de ce manque, j'aspire à tant.
À tant de choses, à presque l'infini...
À cause de ce peu qui manque, que jamais tu n'apportes.
Henri Michaux, La nuit remue (1935)
Au crépuscule © Tatiana
Soleil
Tu t'en vas sans moi, soleil.
Tu disparais, plongeant la ville dans le sommeil.
Tu portes ailleurs ta douce chaleur,
Me délaissant dans l’obscure froideur.
Tu t'en vas sans moi, soleil.
Tu disparais, toi qui la journée m’émerveilles.
Tu finis par partir me laissant dans la lacune,
En laissant toute la place à la lune.
Ô toi soleil !
Toi qui m'es si exceptionnel,
Brilleras-tu autant pour l'éternité ?
Ou bien finiras-tu par déserter ?
Ô toi soleil !
Toi qui m'es si essentiel,
Resteras-tu aussi unique ?
Ou bien finirai-je par te remplacer ?