Publié par Elie
Un raclement monta de sa gorge, il cracha noir.
- Est-ce que c'est du sang ? demanda Étienne.
Lentement, Bonnemort s'essuyait la bouche d'un revers de main.
- C'est du charbon... J'en ai dans la carcasse de quoi me chauffer jusqu'à la fin de mes jours.
L'atmosphère dominante dans GERMINAL est le registre réaliste. Ce n'est pas très difficile de le comprendre car Émile Zola fournit en abondance des détails sur la vie des mineurs. Par exemple, la misère dans et autour de la mine est richement illustrée, car quand on y travaille les poumons se font attaquer par le charbon toxique, ce qui explique les crachats noirs de Bonnemort.
Zola dénonce le travail harassant, en utilisant Bonnemort comme image de vieux travailleur épuisé, à la santé gâchée, à cause du travail exténuant de la mine. En effet, Bonnemort a travaillé quarante-cinq ans dans les mines, et cela a usé son corps, il le dit lui-même : " Il y a des jours où je ne peux même pas remuer la patte".
Zola délivre également des précisions sur les familles de mineurs et leurs logements. Par exemple la famille Maheu, où les membres de la famille sont soit faibles, soit maigres, toujours sales, de même que l’habitat qui est le coron ou la maison des mineurs. Le coron des Maheu est petit et il y fait froid.
Par ailleurs, Zola ne pouvait pas ne pas évoquer les problèmes alimentaires des mineurs. Chez les Maheu, les fins de mois sont extrêmement difficiles. En début de mois les Maheu boivent de la soupe et mangent du pain ; en fin de mois il n'y a que le grand père et un ou deux membres de la famille qui ont droit à une bouchée de pain.
Le registre réaliste est très présent dans tout le roman, cela nous aide à nous projeter dans la misère ressentie dans les mines du nord de la France, au dix-neuvième siècle. Ce roman a ainsi valeur de documentaire sur la condition ouvrière contemporaine.
Enfin, il y a le registre secondaire du pathétique car ce livre nous amène à ressentir de la compassion (de la pitié) tant la vie des mineurs se caractérise par la souffrance physique du travail souterrain accablant, où les enfants ne sont pas épargnés, mourant souvent de faim, et la souffrance morale de ne pas voir d’espoir d’amélioration de la condition des mineurs, en dépit des actions d’Etienne Lantier, syndicaliste engagé. Les grèves dégénèreront en émeutes et seront finalement vaines contre la puissance financière des grands bourgeois propriétaires des mines, obstacles insurmontables du registre tragique.