Publié par Eliot

   

Nicolas boit une bouteille réputée après avoir fini sa journée

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           Nicolas, rentré chez lui après une journée d'homme politique loin d’être éprouvante, enfila de suite une bouteille d’alcool réputée. Deux minutes plus tard, déjà saoul comme un cochon, les joues rouges et titubant dans les couloirs de son appartement, il se mit à danser en pensant à quel point sa vie était géniale. Étant député à l’Assemblée Nationale, il ne faisait certes pas grand-chose, mais avait tout de même amassé une petite fortune. De nature lâche, il se contentait pleinement de sa situation car son métier lui permettait d’éviter de prendre ses responsabilités sans la moindre conséquence.

         Il avait une moustache rectiligne, fine et rigide, qui était à l’image de sa personnalité, qu’il passait son temps à tripoter. Ses immenses oreilles ainsi que son front démesuré étaient à la taille de son narcissisme et de son incompétence. Doté d’une éloquence hors norme, il adorait manipuler et contrôler les gens : c’était son plus grand plaisir, son instant de jeu favori !

         Commençant à se sentir fatigué et sentant sa cravate le démanger de plus en plus autour de son cou, il empruntait le chemin de sa chambre, non sans se prendre quelques murs et meubles au passage. Ayant l’alcool facile, il s’endormit presque instantanément dans son lit, son costume trois pièces sur lui et la fenêtre ouverte.

         Il ronflait avec un volume sonore si fort, semblable au cri d’attaque d’un animal sauvage, qu’un ouvrier qui passait devant son immeuble entendit ses bourdonnements incessants, et se dit que le propriétaire courrait peut-être un grave danger. Il monta à l’étage de Nicolas, frappa à sa porte. Évidemment cela sans réponse. Le pauvre homme entreprit donc de fracasser la porte du propriétaire, et commença à chercher Nicolas dans tous les sens. Il finit par trouver l’homme d’État, avachi dans son lit, semblant presque sans vie, et lui donna des claques pour le réveiller. Les yeux bombés et l’haleine puante, Nicolas se réveilla et, croyant à un cambriolage, commença à courir dans tous les sens en criant, toujours ivre : « Je suis... politicien... Sortez... de chez...moi ! Ou vous... finirez... en prison ! »

Ne voyant rien, et toujours en zigzaguant, le député tombait, se relevait, tombait, se relevait, retombait, et se releva encore une fois, pour faire une autre série de galipettes dans la chambre. Au bout de longues minutes de négociation sans réussite, Nicolas, frappant le nécessiteux avec la force d’un gamin au corps frêle, décocha un mauvais coup dans la mâchoire du pauvre homme : il tomba raide mort. Ne se rendant pas tout de suite compte de ce qu’il venait de faire, Nicolas, encore saoul, se recoucha et passa une très bonne nuit.  

L'ouvrier, allongé sans vie dans l'appartement du député © Eliot

         Ce n’est que le matin, après s’être réveillé et avoir vu le corps étendu de cet homme qui n’avait rien demandé, que le député se rendit compte de ce qu’il avait fait la veille. Mais, refusant encore une fois de prendre ses responsabilités et d’aller se dénoncer à la police, comme l’aurait fait tout bon citoyen, il appela d’autres amis députés pour l’aider dans sa galère. En les attendant, Nicolas pensa qu’il fallait fêter un raisonnement si bien mis en adéquation avec ses actes ! N’avait-il pas lui-même été responsable du destin social de cet homme ? Qui allait plaindre la mort d’un simple et honnête ouvrier, tandis qu’un meurtrier lâche et corrompu jusqu’à l’os allait rester en liberté ?

         Allez hop ! Une bonne rasade, puis une autre rinçade s’imposait, pour fêter ce meurtre qu’il ne voulait pas voir, ni même se souvenir ! Des litres et des litres, le vin coulait à flots. Encore un acte à l’image de la personnalité d’un homme qui ne croyait pas à sa propre responsabilité !

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