Publié par Antoine

Sans cesse à mes côtés s’agite le Démon ;
Il nage autour de moi comme un air impalpable ;
Je l’avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l’emplit d’un désir éternel et coupable.

Parfois il prend, sachant mon grand amour de l’Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.


Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l’Ennui, profondes et désertes,

Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l’appareil sanglant de la Destruction !

Charles Baudelaire, La Destruction, Les Fleurs du mal (1857)

À l’écoute du Mal © Antoine

 

Ô Diable, je te ressens, envoûté par le plaisir ; 

Ce désir, à la fois destructeur et excitant

Me pousse à pêcher, regrettant à contretemps,

Cependant, tellement charmé, je récidive !

 

Séduit, je sombre dans l'abîme des vices 

Si sombre, noir, obscur, lugubre ; 

Je contemple la faiblesse de l’humain, détruit par le diable, 

Ô flambeau fait homme, comme tu t'estompes !  

 

Le plaisir infâme que tu me procures,

Après y avoir goûté, me voilà prisonnier

De chaînes nouvelles qui m'entravent sans me relâcher, 

Et le faible humain ne cherche pas à s'en défaire !

 

L’homme impuissant est la marionnette du diable

Qui me fascine, m’écrase, me domine ;  

Ô infamie de ce monstre si imprévisible ! 

Perdu intérieurement, je me détruis solitairement !

 

Toi, diable, moi, moi seul je te combattrai,

Je ne me laisserai plus dévorer, 

Jusqu'au bout, jusqu'à mon dernier souffle, 

Refusant de me sentir, encore, diminué !

 

Tag(s) : #fleurs du mal, #1G4
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