Publié par Argan
Grands bois, vous m’effrayez comme des cathédrales ;
Vous hurlez comme l’orgue ; et dans nos cœurs maudits,
Chambres d’éternel deuil où vibrent de vieux râles,
Répondent les échos de vos De profundis.
Je te hais, Océan ! tes bonds et tes tumultes,
Mon esprit les retrouve en lui ; ce rire amer
De l’homme vaincu, plein de sanglots et d’insultes,
Je l’entends dans le rire énorme de la mer.
Comme tu me plairais, ô nuit ! sans ces étoiles
Dont la lumière parle un langage connu !
Car je cherche le vide, et le noir, et le nu !
Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles
Où vivent, jaillissant de mon œil par milliers,
Des êtres disparus aux regards familiers.
Arbre mort © Argan
Le bonheur, utopie sur cette terre de malheur
Ô soleil, astre lointain qui me perce le cœur,
Nuages cendrés sortant du volcan de Satan,
Flammes si brûlantes qui m'infligent tant de douleurs,
Faune et flore assoiffées perdues dans le néant !
L'obscurité de la nuit me tourmente l'esprit,
Entraine mes idées, espoirs dans l'oubli.
Le clair-obscur de la Lune devient ténébreux
S'isolant dans ce vaste univers désastreux !
Océan si grand et flamboyant, si violent,
Je te hais, toi, qui détruis et prends tant de vies,
Vent tournoyant emportant toute mon envie !
Cette nature me fait souffrir, tellement cruelle.
Ce cycle de souffrances durera toute mon existence,
La malchance est sans issue pour les êtres mortels !