Publié par Argan

Grands bois, vous m’effrayez comme des cathédrales ;
Vous hurlez comme l’orgue ; et dans nos cœurs maudits,
Chambres d’éternel deuil où vibrent de vieux râles,
Répondent les échos de vos De profundis.

Je te hais, Océan ! tes bonds et tes tumultes,
Mon esprit les retrouve en lui ; ce rire amer
De l’homme vaincu, plein de sanglots et d’insultes,
Je l’entends dans le rire énorme de la mer.


Comme tu me plairais, ô nuit ! sans ces étoiles
Dont la lumière parle un langage connu !
Car je cherche le vide, et le noir, et le nu !

Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles
Où vivent, jaillissant de mon œil par milliers,
Des êtres disparus aux regards familiers.

Charles Baudelaire, Obsession, Les Fleurs du mal (1857)

Arbre mort © Argan

 

Le bonheur, utopie sur cette terre de malheur

 

Ô soleil, astre lointain qui me perce le cœur,  

Nuages cendrés sortant du volcan de Satan,

Flammes si brûlantes qui m'infligent tant de douleurs,

Faune et flore assoiffées perdues dans le néant !

 

L'obscurité de la nuit me tourmente l'esprit,

Entraine mes idées, espoirs dans l'oubli.

Le clair-obscur de la Lune devient ténébreux

S'isolant dans ce vaste univers désastreux !

 

Océan si grand et flamboyant, si violent,

Je te hais, toi, qui détruis et prends tant de vies,

Vent tournoyant emportant toute mon envie !

 

Cette nature me fait souffrir, tellement cruelle.

Ce cycle de souffrances durera toute mon existence,

La malchance est sans issue pour les êtres mortels !

 

Tag(s) : #fleurs du mal, #1G4
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