Publié par Samuel

Sous les ifs noirs qui les abritent,
Les hiboux se tiennent rangés,
Ainsi que des dieux étrangers,
Dardant leur œil rouge. Ils méditent.

Sans remuer ils se tiendront
Jusqu’à l’heure mélancolique
Où, poussant le soleil oblique,
Les ténèbres s’établiront.


Leur attitude au sage enseigne
Qu’il faut en ce monde qu’il craigne
Le tumulte et le mouvement ;

L’homme ivre d’une ombre qui passe
Porte toujours le châtiment
D’avoir voulu changer de place.

Charles Baudelaire, Les Hiboux, Les Fleurs du mal (1857)

Le poème évoque la volonté de devenir un être meilleur en portant le désir d'être quelqu'un d'autre.

          Les gouttes signifient la mélancolie du hibou qui est dégoûté de l'humain, il pleure de répugnance. La couleur grise sur la majeure partie du dessin montre le paysage sombre dans lequel les hiboux vivent (les arbres et les feuilles). Les deux branches qui se croisent signifient les deux rythmes de vie différents, où le hibou est soumis au règne de l'homme : il est bloqué dans son espace, car l'homme est très menaçant. © Samuel L.M.

 

Les Sages détestés

 

Dans l'encombre des arbres se cachent de vifs cœurs pantelants

Qui longent et goûtent aux légers parfums les environnant.

Soudés ! les hiboux garantissent l’âme irrésistible ;

Incisifs, se dressent tels des dieux étrangers plausibles.

 

Au-delà de l'encombre émergent ces divinités

Qui, par la sagesse indéniable d'un ange feutré,

S'attribuent les lueurs de songes effervescents :

Elles apprécient le goût démesuré de longues romances !

 

Leur sagesse fortunée est contemplée tel le Christ.

Elles adoptent, avec calme stoïque, l'absurdité altruiste

Et les renoncements lunatiques des peuples aveuglés !

 

Leur âme désenchantée, peu affaiblie par les plaisirs,

Riche de moyens, ne risque point de déguiller :

Dans le noir profond, personne ne les voit rire !

 

Tag(s) : #fleurs du mal, #1G4
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