Publié par Lény
Une nuit que j’étais près d’une affreuse Juive,
Comme au long d’un cadavre un cadavre étendu,
Je me pris à songer près de ce corps vendu
À la triste beauté dont mon désir se prive.
Je me représentai sa majesté native,
Son regard de vigueur et de grâces armé,
Ses cheveux qui lui font un casque parfumé,
Et dont le souvenir pour l’amour me ravive.
Car j’eusse avec ferveur baisé ton noble corps,
Et depuis tes pieds frais jusqu’à tes noires tresses
Déroulé le trésor des profondes caresses,
Si, quelque soir, d’un pleur obtenu sans effort
Tu pouvais seulement, ô reine des cruelles !
Obscurcir la splendeur de tes froides prunelles.
Charles Baudelaire, XXXII – Une nuit que j’étais près […] , Les Fleurs du mal (1857)
Un souvenir poignant © Lény
Le match et le veuf
Un soir orageux, des éclairs catalyseurs,
Un terrain où chaque joueur se débattait,
Des supporters stupéfaits et aussi inquiets
Assistaient à un combat de gladiateurs.
Deux équipes s’opposaient pour le match du siècle :
L’une divine, élégante mais colérique ;
L’autre hargneuse, infernale mais cordiale.
Ce contraste nous offrait un match idyllique !
Or l’affrontement me rappelle à moi, jeune veuf,
Le caractère inoubliable de ma femme
Au tempérament si explosif qu’un bœuf !
Depuis, je respire l’air d’une vie de bohème ;
Moi, revoyant ce match, je sens de l’amertume ;
Cette lutte m'évoque la bipolarité de mon aimée !